Une fois de plus Denis Villeneuve frappe là où on ne l’attend pas.
Janvier 2011, Incendies. A travers une fable guerrière qui reprend en toile de fond un conflit israélo palestinien à peine fantasmé, le réalisateur nous prend par surprise avec un drame familial poignant et un dénouement qui restera longtemps gravé dans la mémoire des spectateurs.
Décembre 2016, Premier contact. Le film présenté comme une histoire de science-fiction ne prend son véritable sens qu’à travers le récit intimiste d’une mère de famille confronté au pire drame que l’on puisse imaginer.
Car oui, si l’on suit pendant une heure quarante-cinq avec un certain intérêt l’arrivée de ces extraterrestres sur terre, et les bouleversements à l’échelle mondiale qu’ils provoquent, force est de constater que le film ne décolle véritablement que lors du dernier quart d’heure.
Porté par de solides interprètes et une réalisation sans faille, l’intrigue qui se déroule autour de Louise Banks pour éviter que le monde ne sombre dans le chaos d’une guerre mondiale, le message pacifique porté par les visiteurs et l’esthétique même de ces créatures et de leurs vaisseaux suscitent au mieux une vraie curiosité, au pire une sensation de déjà vue si l’on se remémore Abyss qui traite d’un sujet similaire avec plus d’émotions, d’empathie pour les personnages et de tension pour le spectateur. On sent bien tout au long du film la volonté du réalisateur de semer des indices comme autant de petites pierres sensées nous guider vers le dénouement final. Le prénom de la fille de Louise, Hannah, qui se lit dans les deux sens, l’écriture des extraterrestres en formes de cercles, tout concourt à nous orienter vers cette notion au début diffuse de boucle temporelle, d’inéluctabilité des évènements à venir. Et c’est alors que petit à petit les pièces du puzzle se mettent en place.
Il suffit d’une dizaine de minutes au réalisateur pour faire basculer son film vers une autre dimension. On passe de l’infiniment grand (l’espace, la Terre) à l’intime (la famille) avec une émotion décuplée. En posant à Louise, et par ricochet au spectateur que nous sommes, une question d’une infinie douleur, et en proposant deux points de vues différents en guise de réponse (celui de Louise et celui de Ian), Denis Villeneuve touche une fois de plus au sublime. D’une soit disant fresque science fictionnel somme toute assez balisée, il passe en quelques minutes à un condensé d’émotions qui clôt le film sur une note d’une intensité dramatique rarement égalée.
Premier contact nous ramène à l’essentiel, l’amour filial et le sens d’une vie, aussi courte soit elle. Une fois encore, chapeau bas monsieur Villeneuve.