samedi 25 mars 2023

John Wick 4

Ce ne sont pas tant les fusillades sauvages et chorégraphiées qui font de John Wick une saga à part dans le paysage des films d’action, Gareth Evans avait montré la voie deux ans avant le premier opus de la série avec The Raid et sa suite encore plus folle. John Wick, c’est avant tout un univers parallèle peuplé de tueurs à gages et de sociétés secrètes, de codes de conduite opaques et d’imagerie religieuse, un monde où la scarification des corps et le sacrifice tiennent une place centrale, et où le moindre faux pas se paye le prix fort. 

Après avoir posé les bases de la mythologie avec les deux premiers épisodes, le réalisateur et ancien cascadeur Chad Stahelski livrait en 2019 le point culminant de la série, un film traversé par une iconographie charnelle torturée et des scènes d’une inventivité visuelle absolument folle. 

Et force est de constater que, malgré la tentation du syndrome Mission Impossible (toujours plus vite, plus haut, plus fou), ce quatrième épisode, tout spectaculaire et réussi qu’il soit, ne fait que reprendre les éléments les plus marquant de John Wick Parabellum (les chiens d’attaque, l’affrontement contre Mark Dacascos / Donnie Yen dans un environnement vitré) tout en réservant malgré tout quelques belles surprises. Comme par exemple ce plan séquence filmé en vue aérienne ou ce personnage totalement barré de Killa interprété par un Scott Adkins méconnaissable. On aura plaisir aussi à retrouver l’éternel second rôle Marko Zaror sur le devant de la scène, bien qu’un peu sous exploité en termes de potentiel martial. 

Déclaration d’amour assumée aux cascadeurs et chorégraphes, ce dernier opus souffre de combats justement trop scénarisés mais offre un spectacle total et une conclusion à la hauteur d’une série unique en son genre. La scène post générique nous adresse cependant un clin d’œil, peut-être n'en n’avons-nous pas tout à fait fini avec cet univers surréaliste et tellement addictif ? L’avenir nous le dira, avec notamment l’arrivée prochaine d’un spin off Ballerina qui porte en son sein les germes d’une saga tout aussi passionnante.

samedi 4 mars 2023

Creed 3

Alors que le premier opus de la saga Creed titrait sur L’héritage de Rocky Balboa, ce troisième épisode se positionne d’entrée de jeu sur La relève de ce même Rocky Balboa, et force est de constater qu’il ne reste plus grand-chose du boxeur emblématique de Philadelphie. 

Outre la disparition pure et simple du personnage, nous voici à présent dans les quartiers huppés de Los Angeles sur les traces d’Adonis Creed, un homme comblé par sa famille, son succès, sa fortune et sa renommée. L’irruption du passé dans cette retraite idyllique va le forcer à reconsidérer ses valeurs morales. Ou pas. 

Malgré une mise en scène intéressante des combats de boxe, c’est bien l’absence de sentiments qui saute aux yeux tout au long de ces deux heures de film aussi clinquantes qu’un clip de rap des années 2000. Entre des séquences supposées émouvantes complètement ratées (le dernier dialogue entre Adonis et sa mère est même embarrassant) et un personnage principal de plus en plus antipathique dans son refus de s’amender des erreurs du passé, ce Creed 3 transpire le fric et le paraitre là où Rocky sentait la sueur et l’abnégation. 

Nous sommes à mille lieux d’un Sylvester Stallone embourbé dans sa maladresse et son incapacité à déclarer son amour à sa fiancée Adrian et il faut passer par un artifice trop évident (le handicap) pour susciter un minimum d’empathie envers cette famille trop parfaite. La vraie révélation de ce Creed 3 pourrait bien être Jonathan Majors, impérial dans ce rôle d’écorché vif jeté à la rue et prêt à tout pour briller une dernière fois et toucher du doigt le rêve d’une vie. La vraie relève de Rocky Balboa c’est lui.