samedi 7 mai 2011

L'Aigle de la Neuvième Légion

Nous sommes en 140 après Jésus Christ. Marcus Aquila prend le commandement d’un fort isolé dans le sud de l’Angleterre, occupé par les légions romaines. Sa présence dans ces terres reculées et inhospitalières n’est pas due au hasard. Il veut laver l’honneur de son père qui, à la tête des 5000 hommes composant le Neuvième Légion, a mystérieusement disparu au nord de l’île avec l’Aigle, le symbole de la puissance de Rome. Depuis, l’empereur Hadrien a fait construire un mur isolant cette partie de l’Angleterre du reste du pays. Pour récupérer l’Aigle et restaurer l’honneur de sa famille, Marcus Aquila accompagné d’un esclave breton auquel il a sauvé la vie, devra pénétrer dans ces terres inconnues et affronter les tribus du nord farouchement opposées à l’envahisseur romain.


Tout comme le western, le péplum est un genre qui se fait de plus en plus rare sur les écrans de cinéma, et c’est bien dommage.

L’Aigle de la Neuvième Légion commence de façon spectaculaire et le premier quart d’heure laisse espérer un film épique et spectaculaire. Dès les premières images, nous sommes immédiatement immergés le quotidien des soldats romains et l’action ne se fait pas attendre. Alors que le fort est attaqué par les bretons, Marcus Aquila à la tête d’une poignée d’hommes tente une percée spectaculaire pour délivrer ses hommes envoyés en patrouille et fait prisonniers. Nous assistons alors à toute l’ingéniosité des soldats de l’armée romaine qui, en adoptant la position de la tortue, parviennent à tenir à distance des cohortes de barbares enragés. La suite ne sera malheureusement pas aussi épique.


En suivant la chevauchée du soldat romain et de l’esclave breton, L’Aigle de la Neuvième Légion nous invite à une quête quasi initiatique dont l’enjeu sera autant la connaissance de soi et la reconnaissance de l’autre par delà, ou plutôt avec ses différences, que l’emblème en lui-même.

En effet, au fur et à mesure qu’ils s’enfoncent dans les Highlands, le rapport de force entre les deux personnages s’inverse. Ce n’est plus Marcus qui chevauche en tête mais Esca qui devient son guide. Le maitre devient l’esclave et l’esclave le maitre, au sens propre du terme. Le romain civilisé devient un barbare, une curiosité dans un pays dont il ne connait pas la culture, au même titre qu’Esca était considéré comme un sous homme par le peuple romain.

Comme c’est souvent le cas dans les péplums, le réalisateur sous entend même des rapports gays entre le romain et le breton derrière une amitié virile qui n’excluait pas des rapports plus poussés à cette époque.


Alors que le film est porté par une interprétation solide (dont Tahar Rahim méconnaissable sous sa couche de peinture), une nature omniprésente et des décors naturels grandioses qui constituent un élément prépondérant du film, il n’est toutefois pas exempt de défaut. A commencer par un rythme trop lent, des scènes qui s’étirent en longueur comme par exemple la guérison de Marcus qui plombent la dynamique du film.

Alors que la scène de la sortie de Marcus du fort est remarquablement filmée, l’ensemble des affrontements souffrent, encore une fois, d’un manque de lisibilité agaçant. Montage cut, accumulation de gros plans, tout cela fait que l’on a du mal à s’y retrouver.

C’est d’autant plus dommage que le film ne fait guère de concession et se montre même assez réaliste dans la cruauté de certaines scènes, particulièrement l’exécution de deux enfants.


L’Aigle de la Neuvième Légion n’a donc pas le souffle épique du roi Arthur d’Antoine Fuqua, mais reste un péplum efficace et honnête, auquel il faudrait enlever un quart d’heure pour en faire un film captivant.