dimanche 19 juin 2011

Insidious

A l’heure de la 3D quasi systématique et des effets spéciaux abrutissants cachant souvent un vide scénaristique abyssal, James Wan nous propose de revenir aux sources de la peur avec Insidious.

A l’image de Death Sentence pour le film de vigilante en 2008, il n’entend pas renouveler le genre pour autant. Au contraire, il reprend les recettes les plus classiques du film d’épouvante, et plus particulièrement de possession et de maison hanté. Portes qui s’ouvrent ou se ferment toute seules, chuchotements dans le baby phone, ombre qui traverse une pièce, empreintes sanglantes sur un drap, apparition mystérieuse sur une photo, tout y passe ou presque. Quel intérêt alors à réaliser un film brassant tous les clichés d’un genre déjà si souvent visité ?

James Wan sait bien que ce sont dans les vieilles casseroles que l’on fait les meilleures soupes, et partant de ce principe il réalise tout simplement l’un des films les plus effrayants de ces dix dernières années.


Avec une économie de moyen remarquable, une subtile utilisation de la musique (la plupart des morceaux sont basés sur les instruments à cordes, violon et violoncelle en tête, et le piano) et un sens de la mise en scène qui n’est plus à démontrer, il nous immerge dans le quotidien d’une famille américaine qui se voit confronté à des phénomènes paranormaux.

Certes, le film n’est pas exempt de tout défaut ou influences trop évidentes.

Le démon qui apparait dans la seconde partie de l’histoire ressemble étrangement au seigneur Sith Dark Maul dans la Menace Fantôme, lequel se permet même un petit clin d’œil à Freddy Krueger aiguisant ses griffes d’acier.

Le duo de geeks chasseur de fantômes semble tout droit sorti de Ghostbusters et, même s’il est plutôt réussi, dénote et casse un peu l’atmosphère du film.

De plus, le réalisateur a tendance à trop guider le spectateur, notamment lors du passage de Josh dans l’au-delà qui croise différents éléments (la porte rouge, le cheval de bois) dessinés par son fils avant qu’il ne sombre dans le coma. La superposition des dessins souligne le trait de façon un peu trop évidente et maladroite en voulant trop assister le spectateur.


Alors oui, il y aurait à redire sur la façon qu’a eue James Wan de traiter la seconde partie de son film, mais il n’en reste pas moins qu’Insidious est un pur film d’épouvante, sobre et efficace jusque dans le choix des interprètes.

Alors que le film s’ouvre sur le visage de la charmante Rose Byrne et qu’elle apparait durant les deux tiers de l’histoire comme le personnage le plus fort de la famille, le réalisateur nous prend à contre pied en confiant au père la douloureuse mission d’aller chercher son fils dans le royaume des morts. Quand au personnage de la mère de Josh interprétée par Barbara Hershey, comment ne pas penser immédiatement à l’Emprise, autre film majeur de possession dans lequel elle livrait une interprétation hallucinante d’une femme agressée sexuellement par une entité invisible en 1981.

Après avoir assuré ses revenus jusqu’à la fin de ses jours avec la production de la franchise Saw dont il fut l’instigateur, James Wan se permet de réaliser les films qu’il veut comme il le veut. Death Sentence fut une belle réussite, Insidious confirme un talent jusque là jamais démenti en nous permettant d’avoir réellement peur au cinéma. Cela faisait tellement longtemps que ce n’était pas arrivé !

jeudi 2 juin 2011

X Men : le commencement

X Men : le commencent voit le jour grâce à la convergence de deux talents.

A la réalisation, Matthew Vaughn à qui l’on doit notamment l’excellent Kick Ass qui traitait déjà de la condition des super héros. A la production et à l’écriture, Bryan Singer, l’homme qui a donné ses lettres de noblesses cinématographiques aux X Men avec deux films impeccablement maitrisés.

Rien d’étonnant alors que X Men : le commencent soit une réussite totale.


Le film raconte les origines des membres fondateurs des X Men et celles de leurs principaux ennemis. Alors que Bryan Singer avait déjà commencé à esquisser la jeunesse d’Erik Lehnsherr, futur Magnéto, dans le premier film, il développe davantage les origines de l’ennemi juré du professeur Xavier, expliquant par la même occasion ce qui l’oppose à son ancien ami.

Plus qu’une haine personnelle, c’est une conception radicalement différente du statu de mutant qui les poussera à s’affronter par la suite. Traumatisé par les expériences des nazis et le meurtre de sa mère, Erik Lehnsherr craint de voir les mutants pourchassés et exterminés comme l’a été le peuple juif durant la Seconde Guerre Mondiale. Considérant que la meilleure défense est l’attaque, il considère les mutants comme une race supérieure (convergeant ainsi involontairement vers l’idéologie nazie qu’il hait plus que tout au monde) qui doit s’imposer et dominer les humains, notamment par la force.

A l’inverse, Charles Xavier met à profit les supers pouvoirs des mutants qu’il rassemble autour de lui pour protéger les humains, même quand ceux-ci se montrent agressifs envers eux.

Le thème central du film est donc cette scission qui ne cesse d’opposer deux camps adverses, deux conceptions du pouvoir. Tout d’abord, les futurs X Men affrontent le Club des Damnés dirigé par Sébastien Shaw dont la soif de pouvoir va jusqu’à le déclenchement d’une troisième Guerre Mondiale. Ensuite, ce sont les X Men eux-mêmes qui se divisent, emmenés par Magnéto d’un coté, Charles Xavier de l’autre. Il apparait alors clairement que la frontière entre le bien et le mal, les bons et les méchants est ténue, et que l’on peut facilement basculer d’un coté comme d’un autre.


X Men : le commencent, tout comme les deux premiers opus des X Men, allie donc avec intelligence grand spectacle et réflexion sur la différence et l’utilisation du pouvoir. Il est fascinant de voir comment le cinéma créé sa propre mythologie en prenant de grandes libertés avec le matériau de base issu des comics. Avec audace et respect Matthew Vaughn nous invite à découvrir les origines du cérébro, de la paralysie du professeur Xavier, de sa relation si particulière avec Mystique, de la quête des mutants par Charles Xavier et Erik Lehnsherr encore amis. C’est l’occasion pour le spectateur averti d’apercevoir une Tornade encore adolescente et un Wolverine déjà fort accueillant !

L’une des grandes réussites du film est de mêler étroitement réalité historique et pure fiction, conférant à la mythologie des X Men un ancrage indéniable dans la réalité. Il est amusant de voir comment les mutants s’affrontent en pleine crise des missiles cubains, et comment les images d’archive des leaders américains et soviétiques se superposent aux personnages du film. Peut être plus que pour ses prédécesseurs, le film demande d’avoir quelques références en matière de super héros.


L’abondance des personnages (le Hurleur, le Fauve, Emma Frost,…), les clins d’œil (Wolverine, Tornade,…) nécessitent d’avoir lu quelques comics pour en apprécier pleinement la saveur. Mais au-delà de ça, X Men : le commencent est un film d’action efficace porté par une interprétation impeccable, des effets spéciaux réussis et une connaissance du sujet qui force le respect.

Plus qu’une adaptation, le film contribue à la construction du mythe X Men et confère aux personnages une complexité et une crédibilité salutaires.