samedi 29 avril 2023

Evil Dead Rise

Evil Dead Rise commence fort, très fort même, avec un pré-générique reprenant les codes du film original (caméra subjective lancée à pleine vitesse, cabane perdue, possession démoniaque) qui nous cloue à notre fauteuil au bout de quelques minutes tandis que le titre s’affiche en plein écran comme la promesse d’un voyage au bout de l’horreur. 

Si le film n’arrivera jamais à égaler cette séquence d’introduction, il n’en reste pas moins un remake honnête jamais avare en effets gores. 

Le fait de substituer la cabane au fond des bois par un immeuble en démolition est intéressante et donne lieu à quelques scènes inventives (le clin d’œil à Shinning, le massacre vu depuis le judas de la porte de l’appartement), même si le cœur même de l’intrigue s’éloigne singulièrement de l’esprit des films originaux. Car sous prétexte de dynamiter la cellule familiale (la plupart des membres connaissent un sort peu enviable, enfants compris), le film de Lee Cronin n’a de cesse de renforcer ce thème récurrent du cinéma américain. Que ce soit par le rôle de mère de substitution endossée bien malgré elle par Beth ou l’acceptation finale de sa grossesse, on est loin de la fureur primale et parfois nihiliste qui animait le premier opus de Sam Raimi. 

En dépit de personnages au final assez archétypaux parfois trop rapidement sacrifiés comme les résidents de l’immeuble auxquels on n’a pas le temps de s’attacher, Evil Dead Rise réussit le pari de rester fidèle au cahier des charges Evil Dead avec des références appuyées mais efficacement amenées (l’œil jaillissant de son orbite, le fusil de chasse et la tronçonneuse) et une volonté assumée de proposer une lecture différente de son éminent modèle. 

Un peu trop conservateur dans son esprit mais animé d’une belle énergie dans son quart d’heure final, Evil Dead Rise reste un film d’horreur efficace et généreux à défaut d’être réellement novateur.

lundi 10 avril 2023

Les Trois Mousquetaires

Adapter au cinéma une œuvre comme les Trois Mousquetaires revient à donner corps à un matériau romanesque comportant déjà toute la matière nécessaire à une fresque de haute volée. Intrigues multiples, personnages hauts en couleurs, contexte historique, l’épopée d’Alexandre Dumas est traversée par un souffle épique qui ne demande qu’à s’exprimer à l’écran. Il n’en reste pas moins à incarner ces multiples personnages s’affrontant sur fond de guerre de religion et de la perpétuelle rivalité entre le royaume de France et la perfide Albion. Pari tenu ou presque. 

Si le film de Martin Bourboulon tient toutes ses promesses en termes de fil scénaristique, de reconstitution historique et d’une remarquable distribution servie par des dialogues savoureux, on ne peut que déplorer des scènes d’action illisibles filmées par une caméra épileptique. C’est d’autant plus dommage que Christophe Gans avait démontré vingt ans plus tôt que l’on pouvait marier aventure historique et scènes de combats exemplaires avec Le pacte des loups. 

Ces Trois Mousquetaires s’inscrivent donc dans la tradition des films d’aventures réussis et servis par des personnages particulièrement attachant, du roi Louis XIII en passant par ses fidèles mousquetaires donc, sans oublier Lyna Khoudri qui illumine le personnage de Constance Bonacieux. On peut regretter que le personnage de Milady, pourtant interprété de la toujours impeccable Eva Green, ne soit pas plus létale et inquiétante, à l’image de Sylvia qu’incarnait Monica Bellucci dans Le Pacte des loups.

Aventure épique incarnée par des interprètes qui s’en donnent à cœur joie et nous offrent un spectacle de haute tenue, ces Trois Mousquetaires auraient pourtant gagné à être filmés par un amoureux du genre apte à transformer les combats du film en moment de bravoure plutôt qu’en passages obligés. Ne boudons pas notre plaisir et attendons la suite des aventures de d’Artagnan et de ses compagnons pour juger de l’œuvre dans sa globalité.