dimanche 31 mars 2013

Guerrière


Choisir le milieu néo nazi pour toile de fond de son premier film est une démarche plutôt courageuse pour un cinéaste allemand. Guerrière nous renvoie en effet à une réalité qui se nourrit des pires pages de l’histoire allemande. Le film met en scène Marisa, remarquablement incarnée par la jeune Alina Levshin qui se donne corps et âme à son personnage. Un père absent, un grand père nostalgique du troisième Reich, une mère qui fait ce qu’elle peut pour se maintenir la tête hors de l’eau, tel est son quotidien. Elle est jeune, révoltée, en quête d’une cause pour laquelle se battre. Le groupuscule d’extrême droite avec lequel elle passe le plus clair de son temps lui offre une famille de substitution autant qu’un idéal à défendre. L’arrivée d’une jeune fille de bonne famille dans le clan et la rencontre avec un jeune émigré afghan vont remettre en cause ses idées reçues, et bouleverser sa vie. Si le réalisateur se montre particulièrement à l’aise dans la description du quotidien de ces jeunes ultras violents, il n’en est pas de même pour l’histoire de Marisa.
Le film souffre en effet d’un scénario bancal qui déplace le centre d’intérêt de l’histoire là où on ne l’attendait pas forcement. La volte face de Marisa après l’agression de Rasul intervient en effet beaucoup trop vite pour être crédible. Elle passe de la haine à la compassion en quelques jours et change radicalement ses repères moraux. Tout cela donne une impression de superficialité et de raccourci scénaristique qui dessert l’histoire.
A l’inverse, le parcours de Svenja, adolescente en crise contre son père, qui s’engage dans le mouvement néo nazi de façon complètement irraisonnée, par pure opposition au modèle familiale que l’on veut lui imposer, est beaucoup plus intéressant. Il montre les motivations diverses de ces jeunes, et moins jeunes, qui composent le gros des troupes des partis extrêmes. Si certains sont engagés au nom d’une idéologie douteuse, beaucoup n’y voit qu’un moyen de se révolter contre une société dans laquelle ils ne se retrouvent plus.
Guerrière aurait pu être un film coup de poing, noir et rageur comme les protagonistes qu’il met en scène. Un scénario bancal ampute le film de son potentiel dramatique et réduit la formidable énergie d’Alina Levshin à un personnage de moins en moins crédible au fur et à mesure qu’elle s’achemine vers son destin. C’est dommage vu l’incroyable potentiel du film.