jeudi 18 août 2016

Dernier train pour Busan

Gros phénomène en Corée du Sud dont est originaire le film, Dernier train pour Busan débarque enfin sur nos écrans en plein milieu de l’été après avoir fait son petit effet en séance de minuit sur la Croisette. A la croisée des chemins du film catastrophe et d’infectés (sans vouloir pinailler il ne s’agit pas de zombies), la première réalisation live du sud-coréen Sang-Ho Yeon apparait comme un savant mélange de films d’horizons différents assemblés pour donner un hybride tantôt impressionnant d’efficacité, tantôt laborieux dans ses passages les plus chargés émotionnellement. 
Avec son évasion d’infectés contaminés par un virus mortel, Dernier train pour Busan renvoie bien évidemment aux précédents films de Danny Boyle (28 jours et 28 semaines plus tard) mais encore davantage à la dynamique du plus récent World War Z, particulièrement dans ses séquences les plus impressionnantes (les infectés agrippés aux hélicoptères ou agglutinés et trainés par une locomotive, les vitres brisées sous la pression des assaillants). Alors que le lieu même de l’action (un train) n’est pas sans rappeler un autre film sud-coréen, Snowpiercer, Dernier train pour Busan calque exactement sa trame à la grande tradition des films catastrophes, le contexte politique compris. Un lieu clos (le fameux train donc) dans lequel se trouvent enfermés un groupe d’individus confrontés à une menace extérieure (coucou the Mist), lequel groupe ne figure rien d’autre qu’une société miniature. 
Chaque personnage se trouve donc caractérisé selon une trame bien établie, de l’arriviste repenti au couard opportuniste mais puissant qui distille un mélange d’autorité et de rejet, du groupe de jeunes au couple sympathique, on devine dès le début qui survivra, ou pas, à la fin de l’histoire. Enfin presque car de ce point de vue le réalisateur se montre plutôt dur, acheminant son film vers un final qui lorgne ouvertement du côté de la Nuit des morts vivants sans toutefois oser conclure de façon aussi nihiliste que George Romero en 1968. Original, le film ne le sera donc que pour ceux qui n’ont pas ses illustres modèles en tête. 
Il n’en reste pas moins que le film possède une personnalité singulière avec un héros antipathique auquel on peine à s’identifier, des séquences d’attaques fulgurantes et vraiment impressionnantes, une scène d’ouverture originale et des personnages particulièrement réussis comme la femme enceinte et son mari interprétés respectivement par les très bons Yu-mi Jeong et Dong-seok Ma. 
Trop long, le film aurait gagné en intensité avec vingt minutes de moins, alourdi par des personnages secondaires trop nombreux et pas suffisamment développés (on aimerait en savoir davantage sur ces deux sœurs qui voyagent ensemble pour expliquer ce qui motive le geste de la cadette), handicapé par un jeu d’acteur parfois théâtrale, notamment lors des scènes sensées être les plus touchantes, Dernier train pour Busan reste néanmoins un bon film d’action plaquant les codes des films catastrophe sur une histoire d’infectés à l’échelle d’un pays. Rien de vraiment nouveau donc mais un habile enchevêtrement qui tient la route.

Instinct de survie - The Shallows

Soyons honnêtes, l’intérêt principal de cet Instinct de survie réside dans une Blake Lively en bikini et au meilleur de sa forme luttant pendant une heure trente pour échapper aux crocs d’un requin un peu énervé. Et de ce point de vue, le film tient toutes ses promesses. 
Porté à bout de bras par l’actrice présente dans pratiquement tous les plans, Instinct de survie se montre généreux en exotisme aussi bien qu’en suspens et en séquences chocs. Solide artisan et réalisateur aguerri (La maison de cire et Esther restent d’excellentes séries B), Jaume Collet-Serra nous livre un nouveau film de genre qui, s’il ne restera pas au panthéon des films de requins, n’a pas à rougir de ses glorieux prédécesseurs.
Si nous sommes loin du mythique Les dents de la mer qui restera encore longtemps le maitre étalon du genre, de l’angoisse distillée par The Reef et du plaisir décomplexé de Peur Bleu, Instinct de survie demeure cependant bien plus jouissif qu’un Open Water de triste mémoire. 
Bien sûr, le film n’évite pas certains écueils comme le très dispensable pathos familial qui accompagne l’héroïne tout au long de son périple, la première sortie surf de Nancy filmée comme un clip publicitaire, ou la trop faible caractérisation des personnages secondaires. Centré autour de Blake Lively qui livre une prestation fort convaincante, l’histoire laisse de côté tout autre protagoniste, réduisant à néant l’implication du spectateur lorsque certains se font croquer par le requin. De plus, le réalisateur choisit (mais est-ce vraiment un choix délibéré ?) de faire de son prédateur un simple animal. Un requin certes dangereux et vindicatif mais loin de la dimension quasi mythologique, de la Bête surgit du néant qui entourait le requin des Dents de la mer, et dans une moindre mesure The Reef. 
Une fois accepté ce positionnement ainsi que quelques raccords malheureux (les lèvres de Nancy sont méchamment gercées, ou pas, selon les plans), on se laisse porter avec plaisir vers un final, sinon vraisemblable, en tout cas suffisamment bestial pour justifier tout le plaisir que procure le film. Épaulé par la musique du très prolifique Marco Beltrami, des effets spéciaux convaincants, une réalisation solide et l’omniprésence de la sculpturale Blake Lively, Instinct de survie demeure un film efficace, sans autre prétention que de nous procurer notre lot de frissons, de plaisir ou de peur, ce qui reste la plus noble des causes.