samedi 9 juin 2012

Prometheus

Attendu comme le messie par tous les fans d’Alien et de science fiction en général, le nouveau film de Ridley Scott est une œuvre pour le moins déconcertante. Sublime dans la forme, affligeant sur le fond, on se demande par quel processus le réalisateur est parvenu à générer un film aussi bancal.
Clairement annoncé comme un prequel d’Alien, Prometheus tient en cela toutes ses promesses. Les fans de la première heure ne seront pas déçus, Ridley Scott nous invite à un voyage au cœur même du mythe, retrouvant avec délectation les décors organiques du premier opus, et nous proposant même de découvrir la genèse du monstre. De ce point de vue, Prometheus est donc une vraie réussite, tout comme pour son utilisation brillante de la 3D, des séquences chocs qui parsèment le film et qui à elles seules en justifient l’existence. A ce titre, la scène d’ouverture qui expose tout simplement la genèse de l’être humain, et la scène finale qui lui fait écho en nous montrant la naissance de l’Alien tel que l’affrontera Ripley quelques années plus tard, sont tout simplement renversantes. Des scènes aussi fortes, le film en regorge (la séquence d’auto avortement, le combat entre l’Ingénieur et la créature tentaculaire, vision hallucinante que n’auraient pas reniée Moebius ou Lovecraft).
Le problème, c’est la cohérence de l’ensemble et l’histoire en elle même. Inexplicablement pour un projet de cette envergure, le scénario de Prometheus semble avoir été écrit pour une série Z, et les incohérences dignes des plus mauvais films d’horreur pullulent. Le biologiste et l’archéologue bloqués par une tempête dans le vaisseau extra terrestre ne trouvent pas de meilleure idée que de se réfugier dans la salle des œufs où se concentre tout le danger. Ce même archéologue revient quelque temps plus tard sous la forme d’un mort vivant quasi indestructible, on ne saura jamais pourquoi. Tout comme on ne comprend pas vraiment d’où viennent ces hologrammes qui nous montrent ce qu’ont vécu les Ingénieurs des siècles plus tôt.
Si l’ensemble des interprètes sont plutôt de bonne tenue, les personnages sont quand à eux à peine esquissés ou franchement caricaturaux. On hésite constamment entre le fait de penser que Promotheus a été pensé comme un film de quatre heures coupé n’importe comment au montage, ou écrit et réécrit n’importe comment, Ridley Scott trouvant plus intéressant de s’intéresser à l’aspect visuel qu’à ses personnages.
C’est vraiment dommage car de par son propos (rien de moins que l’explication de la création de l’humanité par une entité extra terrestre, puis sa tentative d’extinction par une arme de destruction massive que sont les Aliens) est ambitieux, les décors nous replongent avec délice dans la genèse d’Alien, la technologie 3D est pour une fois parfaitement maitrisée et intelligemment exploitée, les effets spéciaux et l’animation des différentes sortes d’Aliens sont bluffant.
Difficile d’en vouloir au réalisateur tellement le plaisir pris à se replonger dans ce monde dont il nous livre les clefs est grand. Mais Promotheus nous rappelle cruellement qu’un film peut être visuellement réussi, bénéficier de moyens technologiques énormes et des plus grands techniciens, sans histoire et personnages dignes de ce nom, le château s’effondre. C’est une belle leçon que Ridley Scott devra retenir pour la suite que le final de Prometheus annonce clairement.

samedi 2 juin 2012

The Raid

Passons sur le doublage français qui frôle parfois le ridicule, les dialogues réduits à leur plus simple expression, le scénario simplissime et l’endurance surréelle des combattants. Tout comme les films pornographiques, les films d’action pure souffrent la plupart du temps d’une carence scénaristique dommageable qui les cantonne à une suite de scènes de combat ou de sexe au détriment des personnages et de l’histoire.            Si l’on accepte ces limites, The Raid représente une nouvelle page dans le film d’action dont il place la barre très très haut. Le pitch est d’une simplicité désarmante : un groupe de policiers indonésien investit un immeuble pour capturer un baron de la drogue. Au fur et à mesure qu’ils progressent d’étages en étages, ils se font décimer par les hommes du trafiquant. Au final, seul un petit groupe d’homme affrontera le chef et ses hommes de main.   Réalisé par Gareth Evans, un gallois exilé en Indonésie, The Raid met en scène des combats spectaculaires tels que l’on n’en avait pas vus depuis Ong Bak. Les combattants ne pratiquent pas le muay thaï mais le silat, un art martial d’origine indonésienne d’une redoutable efficacité. Alternant les fusillades et les combats à main nue, le film déroule des scènes incroyables où les policiers et les trafiquants s’affrontent avec une sauvagerie peu commune. Que ce soit des combats pied poing, avec des couteaux, des haches ou même un néon (…), on cogne sec et violemment. Les impacts de balles, les blessures à l’arme blanche et les coups font gicler des gerbes de sang et le tout acquiert un réalisme particulièrement impressionnant.
Le ton du film est d’ailleurs donné dés le début lors d’une scène d’exécution de prisonniers par Tama, le baron de la drogue, d’une violence très crue. Mariage improbable entre le premier Die Hard et Ong Bak, The Raid marque un tournant dans le film d’action, de part sa sauvagerie, ses chorégraphies et sa maitrise. Car le réalisateur a toujours à cœur de filmer ses combats à distance respectable, ne laissant d’autre choix aux cascadeurs que d’accomplir des prouesses physiques exceptionnelles. L’exact contraire de ce que filmait Stallone sur Expendables.
Si les personnages sont souvent assez stéréotypés, il en est un qui ressort du lot. Mad Dog, l’un des lieutenants de Tama est non seulement un combattant remarquable, mais il prend à contrepied l’image du méchant traditionnel. Alors qu’il tient en joue le chef de l’expédition qui le dépasse d’une bonne tête, il choisit de le combattre à mains nues pour avoir le plaisir de le tuer de ses propres mains, déclarant que tuer quelqu’un avec une arme à feu, c’est comme aller au fast food, c’est fade ! Plus déconcertant encore ce combat final entre Mad Dog, Rama le personnage principal et Andi (attention spoiler) qui se révèlera être son frère. Alors que Mad Dog est en train de torturer Andi et que survient Rama, il détache celui-ci et choisit de combattre les deux hommes de front. Véritable sens de l’honneur ou pur psychopathe ? Il n’en reste pas moins que le personnage restera longtemps dans nos mémoires.
The Raid démontre une fois de plus l’incroyable capacité du cinéma asiatique à nous offrir des films qui repoussent chaque jour les limites du possible en termes de combats et de cascades. Il sera difficile d’apprécier les prochains films d’action après une telle claque.