samedi 16 février 2008

John Rambo

John Rambo est de retour ! A l’image de Rocky, son autre personnage emblématique, Stallone clôt (?) de façon magistrale la saga qui l’a fait connaître.
Le film débute de façon assez classique par la présentation de Rambo qui coule des jours paisibles en capturant des serpents venimeux dans le nord de la Thaïlande. Cette retraite sera bien sur interrompue par l’appel à l’aide d’un groupe d’humanitaires emprisonnés et torturés en Birmanie. D’abord réticent et sceptique quand à l’action de ceux qu’il considère comme des utopistes (Vous avez des armes ? Non ? Alors vous ne changerez pas les choses), Rambo se décide finalement à rejoindre un commando américain pour tacher de sauver ceux qui peuvent encore l’être. Et par la même occasion massacrer un régiment entier de soldats birmans avec l’aide des rebelles Karen.
Car John Rambo est avant tout un film de guerre d’une incroyable sauvagerie, à la limite du film gore. Décapitation, fusillade à la mitrailleuse lourde, tout y passe dans des gerbes de sang et de boue. Certes, le film souffre de facilités scénaristiques qu’il est difficile d’ignorer. Les soldats birmans sont des sauvages violeurs et sadiques, leur chef est un tortionnaire pédophile et les rebelles sont de vaillants soldats qui défendent les villageois opprimés avec l’aide des civils humanitaires pétris de bonnes intentions.
Le contexte politique est brossé de façon pour le moins rapide et simpliste, on se croirait revenu au Rambo 3 de l’Afghanistan. Sans compter les membres du commando dont les personnages sont tout juste survolés. Mais ces quelques maladresses assimilées (un message au début du film prévient que les évènements décrits ne représentent en rien la situation actuelle en Birmanie), il reste un film incroyablement efficace, emprunt d’une rage et d’une sauvagerie jusque là rarement vues à l’écran.
En contrepoint de ce voyage au bout de l’enfer, Stallone termine son film par une image emprunt d’un calme et d’un apaisement surprenant. John Rambo rentre chez lui, tel un Ulysse moderne qui, après un long voyage parsemé de guerres et de violence, retrouve sa demeure. Le sourire qu’il affiche alors en retrouvant sa patrie boucle une saga guerrière qui débutait quelques dizaines d’années avant dans le même pays. Mais cette fois le combattant n’est plus en colère, il aspire à une vie tranquille loin du bruit et de la fureur des hommes. Jusqu’à la prochaine fois ?

Sweeney Todd

En adaptant une comédie musicale de Broadway à son univers si particulier, Tim Burton signe là l’un de ses films les plus sombre depuis Batman’s Return.

Graphiquement d’abord, la pellicule qui semble délavée donne à l’image un rendu proche du noir et blanc qui accentue la noirceur des merveilleux décors du film et les teints blafards des personnages.

L’histoire ensuite, qui suit la vengeance d’un barbier injustement envoyé au bagne et dépossédé de sa famille et de son bonheur par un juge pervers. Sweeney Todd mêle allégrement comédie musicale et effet gore, cannibalisme et romance contrariée avec une cohérence certaine.

Les personnages enfin comptent parmi les plus retors de l’univers du cinéaste qui pourtant n’en est pas à son coup d’essai. Sweeney Todd, par delà son désir de tuer ses persécuteurs, en veut au monde entier et ne voit dans ses congénères qu’une masse de dégénérés tout juste bon à être transformés en tourtes ! Le juge se révèle être un être vicieux que n’aurait pas renié le marquis de Sade, quand à Mrs Lovett, elle ne rechigne pas à profiter de la situation pour renflouer son commerce, quitte à cuisiner et faire manger de la chair humaine à ses clients.

Sweeney Todd en est il pour autant une pièce maîtresse dans l’œuvre de ce créateur de génie qu’est Tim Burton ? Sûrement pas. Si la plupart des acteurs, novices en la matière, relèvent admirablement bien le défi du chant, il n’en reste pas moins que la comédie musicale demeure un genre difficile à aborder et qui reste, quelques exception mises à part, souvent un peu artificiel. Et puis le couple formé par le jeune marin et la fille de Sweeney Todd ainsi que leur idylle naissante et les chansons qui l’accompagnent détonnent complètement de par leur mièvrerie. La preuve en est que le réalisateur les abandonne carrément à la fin, sans que l’on sache ce qu’ils deviennent et sans que l’on s’en soucie le moins du monde.

Le film s’achève en effet sur un tableau aussi beau que tragique de deux amants enfin réunis dans le sang et la mort. Si Sweeney Todd n’est pas le nouveau chef d’œuvre de Tim Burton, il n’en demeure pas moins un film suffisamment beau et hors norme pour que l’on s’y arrête.

Death sentence

Death Sentence s’inscrit en droite ligne dans la tradition des films de Vigilante qui ont fleuri dans les années 70 – 80.
Du Droit de tuer (Exterminator) aux Justicier dans la ville, ces œuvre souvent brutales et sans concessions mettaient en scène des citoyens ordinaires qui, suite à un traumatisme infligés à eux même ou à des proches, décidaient de prendre les armes pour se faire justice eux même, et dans la foulée nettoyer le ville de quelques délinquants plus ou moins dégénérés.
Ici, Kevin Bacon incarne un père de famille tranquille et un citoyen américain que l’on devine model. Suite au meurtre de son fils aîné et devant la perspective d’une justice qui lui semble trop clémente, il décide de tuer le meurtrier. Le frère de ce dernier et son gang l’entraîne alors dans une spirale de violence destructrice et sans issue.
Le problème avec ce genre à part entière se trouve souvent dans une morale douteuse (œil pour œil) que le spectacle de sadiques, violeurs et dealers en tous genre se faisant allègrement massacrer ne parvient pas à totalement masquer. James Wan a l’intelligence de nous proposer à la fois un film d’action teigneux, un polar hard boiled à la violence sèche, et une réflexion pertinente sur la violence, l’auto justice et ses conséquences.
En effet, en faisant le choix d’emprunter la voie de la vengeance, Nick va par là même sacrifier sa famille et perdre tout ce qu’il lui restait d’humanité. C’est d’ailleurs ce que lui dit le chef de gang à la fin de leur règlement de compte, tu ressembles à l’un des notre. Contrairement à un Contre Enquête aux relents nauséabonds, Death Sentence n’exalte donc ni la légitime défense ni la violence. Il suffit pour s’en convaincre de voir l’état physique et psychologique de Nick à la fin de son épopée sanglante. Ses agresseurs, en le forçant à devenir aussi bestial qu’eux et à employer la même violence aveugle, ont remporté la vraie victoire.
Mais si Death Sentence incite à la réflexion, c’est avant tout à un film d’action puissant ponctué de scènes intenses où les coups font mal, où les décharges de fusil de chasse et de pistolets à gros calibres emportent les membres. La scène finale de fusillade dans l’immeuble abandonné, teintée d’une lumière rouge qui préfigure l’enfer qui va s’y déchaîner, est en cela un modèle d’efficacité. Ajoutons à cela la présence d’un John Goodman immense, à tous les sens du terme, et nous obtenons un film de genre réussi qui prouve qu’un spectacle efficace peut s’accompagner d’une réflexion intelligente sur un sujet on ne peut plus risqué.