mercredi 25 juillet 2012

The Dark Knight Rises

Il apparait de plus en plus clairement avec cet ultime épisode qui clôt la trilogie consacrée au Chevalier Noir que Christopher Nolan n’est pas un grand fan de super héros. Preuve en est par exemple la façon dont il expédie Bane, ignore le personnage de Catwoman au profit de Selina Kyle ou comment il ré écrit l’histoire de Batman dans Batman Begins. Sans parler des combats, correctement filmés mais sans l’héroïsme que l’on pourrait en attendre. Ces figures héroïques et torturées ne sont pour lui que le moyen de parler de l’Amérique d’aujourd’hui, comprendre post onze septembre, et d’aborder des thèmes aussi important que le prix à payer pour assurer sa sécurité au prix de sa liberté. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle ses films font hurler les fans purs et durs des personnages de l’écurie DC Comics. Alors que le précédent épisode trouvait ses références dans le thriller urbain, Michael Mann en tête, c’est au film de guerre que fait ouvertement référence ce Dark Knight Rises. Gotham City est en état de siège et son seul et unique justicier est dans l’incapacité, d’abord psychologique puis physique, de sauver la ville et ses habitants.
Le réalisateur déclare s’être inspiré de la Révolution française pour illustrer la seconde partie de son film, et il est vrai que l’on ne peut s’empêcher de penser à la Terreur en voyant les ouvriers, les employés, les prisonniers se soulever et prendre violement à partie l’élite richissime de la ville. Les tribunaux expéditifs renvoient aux heures les plus sombres de notre histoire et la figure de Robespierre plane sur le personnage de Bane. Personnage on ne peut plus ambigu qui se présente comme un révolutionnaire alors qu’il n’est qu’un mercenaire au service d’une vengeance qui n’est même pas la sienne. Mais même si les habitants de Gotham sont manipulés, c’est bien de lutte des classes dont il est question, une frustration qui couve depuis trop longtemps et qui éclate en une anarchie que n’aurait pas renié le Jocker.
The Dark Knight Rises n’est pas exempte de défauts, à commencer par des longueurs, des personnages féminins insuffisamment développés, des méchants qui meurent presque dans l’indifférence générale et une fin qui refuse la noirceur qui pointait pourtant depuis le début de la trilogie. Il aurait été courageux de conclure sur le visage en larmes d’Alfred plutôt que nous offrir un épilogue lumineux qui dénote avec la tonalité générale du film.
Mais Christopher Nolan prouve une fois de plus que l’on peut marier grand spectacle et réflexion et démontre à nouveau qu’il est un réalisateur de grand talent, que l’on partage son propos ou non. Car si le traitement du personnage de Batman peut être sujet à controverse, il n’en est pas de même pour les personnages secondaires sur qui repose l’architecture principale de l’histoire. La plus belle surprise est sans nul doute Anne Hathaway qui campe une Selina Kyle plus féline que jamais, au point de se hisser au niveau de la performance de Michelle Pfeifer dans Batman le Défi de Tim Burton. Il faut la voir enfourcher la moto de Batman pour en être convaincu à jamais. Le réalisateur convoque pour ce dernier épisode la presque totalité des personnages qui entourent le justicier. Le commissaire Gordon, Harvey Dent, Alfred, l’Epouvantail, tous ou presque sont là, vivants ou morts, et toujours interprétés avec une justesse bienvenue. Jusqu’à la naissance de Robin qui est esquissée par l’intermédiaire de l’excellent Joseph Gordon Levitt. Il ne manque que le Jocker, figure mythique du Dark Knight dont on n’est pas prêt d’oublier l’interprétation magistrale du regretté Heath Ledger.
Quand au personnage de Bane, dont Christopher Nolan ré interprète aussi les origines, il est campé par un Tom Hardy une fois de plus impressionnant de force brute. Dommage qu’il ne soit au final que le reflet d’une légende dont on ne connaitra la vrai nature qu’au terme d’un final décevant.
The Dark Knight Rises n’est donc pas le grand film de super héros que tout le monde attendait, c’est un film qui prend le risque de bousculer les convenances pour servir le discours d’un réalisateur hyper talentueux mais qu’il serait bon de ne pas statufier trop vite.

samedi 7 juillet 2012

Le Grand soir

Les deux anarchistes du cinéma français Gustave Kervern et Benoit Delépine invitent dans leur nouveau film les deux acteurs les plus déjantés du paysage cinématographique hexagonal, Benoit Poelvoorde et Albert Dupontel. Le résultat aurait dû être explosif, hélas il nous laisse un peu sur notre faim. Non pas que Le Grand soir soit un mauvais film, loin de là, mais il pâtit évidemment de la comparaison avec leur précédent long métrage. Or, Le Grand soir n’a ni l’esprit frondeur, ni la poésie et encore moins la puissance de Mammuth qui reste une perle rare dans la production actuelle. C’est d’ailleurs un comble qu’un film mettant en scène des punks se révèle au final beaucoup moins subversif que Mammuth dont la charge social était pour le coup moins voyante mais d’une toute autre force. Comme à leur habitude, les deux réalisateurs filment un voyage initiatique ponctué de rencontres invraisemblables. Ce qui donne lieu à des scènes magiques, hélas trop peu nombreuses. Comme cette apparition de Depardieu en diseur de bonne aventure, le suicide d’un inconnu ou encore le moment où Not prend le micro pour faire son annonce dans la grande surface.
A coté de cela, il y a des erreurs de casting qui plombent le film alors que la construction filmique des réalisateurs tient justement sur ces personnages secondaires. Brigitte Fontaine fait du Brigitte Fontaine, ce qui est vite restrictif, quand aux trop rares Yolande Moreau ou Miss Ming, elles sont cantonnées à des figurations éclair.
C’est dommage, la rencontre de ces deux grands acteurs pouvait faire des étincelles, mais il ne suffit pas de mettre en scène des punks ou un concert des Wampas pour le devenir. L’esprit punk ne se décrète pas, il surgit où on l’attend le moins. Head On de Fatih Akin ou encore une fois Mammuth sont de vrais films punks, Le Grand soir ne l’est pas.