samedi 13 avril 2019

Simetierre

Considérer cette nouvelle adaptation du roman de Stephen King à l’aune du texte original ou de la première version de Mary Lambert en 1990 aboutit forcement à de cruelles déconvenues tant le dernier tiers du film fait abstraction de l’essence même de l’histoire, celle du deuil impossible après la perte d’un enfant et de notre incapacité à accepter la mort. 
Pourtant, le film de Kevin Kölsch et Dennis Widmyer tient toutes ses promesses dans sa première partie en instaurant une atmosphère angoissante et pesante par touches efficaces à défaut d’être très subtiles. 
Ne dérogeant pas à l’emploi de jump scares et d’une musique soulignant systématiquement l’arrivée d’une séquence choc, les réalisateurs ne rechignent pas non plus à utiliser une imagerie gore du plus bel effet pour souligner la dépravation des corps passée (la sœur de Rachel), présente (l’adolescent accidenté) ou future (les morts revenus à la vie). Il en résulte de réels moments d’épouvante convergeant vers le drame tant attendu qui marquera le tournant du film. A partir de la scène de l’accident, les réalisateurs accélèrent en effet le rythme pour arriver à leur conclusion horrifique en ignorant délibérément l’essence même de l’histoire. 
Le deuil des parents est expédié en une nuit au cours de laquelle tout va s’enchainer à coup de résurrections à la chaine qui frôlent parfois le ridicule. Certes, Kevin Kölsch et Dennis Widmyer font leur possible pour s’amuser avec le spectateur, l’entrainer vers des fausses pistes pour mieux le surprendre quelques secondes plus tard (citons à titre d’exemple l’association scalpel + tendon d’Achille filmé de dessous le lit ou bien sur la mort accidentelle qui n’est pas celle à laquelle on s’attend), certes ils versent dans le clin d’œil référentiel (la conversation autour d’un Saint Bernard contaminé par la rage lors de l’anniversaire d’Ellie), mais cela ne suffit pas pour que le film trouve sa place entre adaptation intelligente (le film de Mary Lambert était à ce titre une vraie réussite) et prise de distance salutaire. 
Ce Simetierre version 2019 oscille constamment entre la vision originelle de Stephen King, viscérale et poisseuse, et un film d’horreur à multiples rebondissements sans grande originalité. C’est d’autant plus dommage que les deux premiers tiers du film témoignent d’un vrai savoir faire en la matière et nous laissait présager du meilleur malgré quelques facilités vite oubliées (les masques des enfants, certes inquiétants mais jamais exploités par la suite). Une adaptation de plus, loin d’être honteuse à défaut d’être indispensable.