lundi 21 juillet 2008

Kung Fu Panda

Le dernier né des studios DreamWorks est un film bancal.
Techniquement, l’animation est sans faille, la réalisation et le découpage des scènes d’actions est un model du genre. On retiendra particulièrement l’évasion de Taï Lung depuis sa geôle qui n’est pas sans rappeler la prison d’Askaban dans Harry Potter.
Toute la séquence, depuis l’arrivée du messager jusqu’à l’évasion finale, est graphiquement splendide et d’une fulgurance rarement atteinte dans les films d’animation. Et cette scène d’anthologie n’est pas la seule, loin de là.
A coté de cela, Kung Fu Panda souffre d’un scénario convenu pour ne pas dire paresseux. Le message répété tout au long du film (le dépassement de soi, le fait de croire en ses rêves) a déjà était entendu mille fois. Les personnages des cinq guerriers disciples sont à peine esquissés, et l’histoire, dont on peut deviner chaque scène à venir, se suit sans aucun intérêt.
C’est d’autant plus dommage que le sujet et le cadre du film se prêtaient à de multiples références aux films de kung fu, mythologie d’une richesse incroyable. Kung Fu Panda est donc au mieux une semi réussite, un bel emballage un peu creux.

Hancock

Les supers héros peuvent avoir des états d’âme et cacher de douloureux secrets, on le sait au cinéma depuis Spiderman et dans les comics depuis le début. C’est sur ce postulat, la face cachée d’un super héros désacralisé, que Peter Berg et Will Smith ont bâti leur film.
Hancock est un super héros au sens le plus classique du terme. Il vole dans les airs, est super fort et redresseur de torts. Mais il est aussi alcoolique, misanthrope, limite clochard, et détesté de tous à cause des effets collatéraux de ses actions héroïques qui coûtent des milliers de dollars aux contribuables. Evidemment, tout cela cache un lourd et douloureux secret que sa rencontre avec un publicitaire contribuera à révéler.
Si la première partie du film, irrévérencieuse, originale de par son traitement est diablement efficace (les scènes d’actions n’ont rien à envier à celles des X Men), le film s’alourdit par la suite à force de vouloir toucher à tous les genres. On navigue du film d’action au drame en passant par la pure comédie, et cette partie n’est pas la plus réussie quand entrent en action des méchants d’opérette qui, à l’image du Superman de Brian Singer, plombent et discréditent immédiatement le film.
Will Smith et Charlize Theron sont irréprochables, le pitch final qui emprunte au mythe d’Arwen dans le Seigneur des Anneaux (rencontre de l’amour et perte de l’immortalité) et l’esquisse d’explication de l’origine des super héros (qui n’est pas sans rappeler le mythe des vampires qui traversent les ages) sont intéressants mais peu développés, et gâchés par un scénario brouillon et une réalisation convenue.
La réaction versatile des citoyens qui tour à tour fustigent ou acclament leur héro selon que celui-ci est naturel ou conseillé par un consultant en image (mais pas un consultant cynique heureusement, un honnête homme qui veut rendre le monde meilleur…) aurait pu donner lieu à une réflexion intéressante sur le rôle de l’image dans notre société. Hancock est donc une bonne idée de départ dont les premières minutes laissaient présager un film incorrect et jouissif. Il en résulte au final une histoire convenue et morale bridée par les conventions d’un cinéma trop commercial pour se permettre le moindre écart, et un film qui se perd à force de vouloir manger à tous les râteliers. C’était somme toute assez prévisible mais cependant frustrant.

Valse avec Bachir

Film sur la guerre autant que travail sur la mémoire, Valse avec Bachir inaugure un genre nouveau, celui de dessin animé documentaire.
Son réalisateur, Ari Folman, était soldat dans l’armée israélienne en poste au Liban lors des massacres des camps de réfugiés palestiniens de Sabra et Chatila. Alors spectateur impuissant des atrocités qui ont été commises à l’époque par les phalanges chrétiennes suite à l’assassinat du président Bachir, il a depuis lors occulté ces évènements. Jusqu’à ce que le récit d’un rêve de l’un de ses amis, lui aussi ancien soldat, réveille sa mémoire.
Des bribes de souvenirs lui reviennent sous forme d’un puzzle encore incomplet. Il décide alors d’aller à la rencontre des protagonistes de l’époque, ses anciens compagnons d’armes, pour tenter de reconstituer ce que son subconscient se refuse à admettre.
De par la représentation onirique de certaines scènes de guerre, Valse avec Bachir n’est pas sans rappeler à certains moments Apocalypse Now. Film de guerre anti militariste traversé de moments poétiques, cruels, et de témoignages directs de témoins et d’acteurs des évènements passés, Valse avec Bachir nous propose d’assister à une page tragique de l’histoire du moyen orient au travers de l’enquête du réalisateur qui part à la recherche de ses souvenirs.
Le film est tragique, beau, percutant, et il n’était pas du tout indispensable d’y ajouter des extraits d’archives d’époque pour le clôturer. Ari Folman pensait peut être que son film, dessiné et animé, ne rendait pas suffisamment justice à la tragédie qui s’est déroulée durant cette période, et qu’un brusque retour à la réalité par le biais ce ces témoignages filmés devait le rendre plus réaliste. A tort.