jeudi 15 décembre 2016

Premier contact

Une fois de plus Denis Villeneuve frappe là où on ne l’attend pas. 
Janvier 2011, Incendies. A travers une fable guerrière qui reprend en toile de fond un conflit israélo palestinien à peine fantasmé, le réalisateur nous prend par surprise avec un drame familial poignant et un dénouement qui restera longtemps gravé dans la mémoire des spectateurs. 
Décembre 2016, Premier contact. Le film présenté comme une histoire de science-fiction ne prend son véritable sens qu’à travers le récit intimiste d’une mère de famille confronté au pire drame que l’on puisse imaginer. 
Car oui, si l’on suit pendant une heure quarante-cinq avec un certain intérêt l’arrivée de ces extraterrestres sur terre, et les bouleversements à l’échelle mondiale qu’ils provoquent, force est de constater que le film ne décolle véritablement que lors du dernier quart d’heure. 
Porté par de solides interprètes et une réalisation sans faille, l’intrigue qui se déroule autour de Louise Banks pour éviter que le monde ne sombre dans le chaos d’une guerre mondiale, le message pacifique porté par les visiteurs et l’esthétique même de ces créatures et de leurs vaisseaux suscitent au mieux une vraie curiosité, au pire une sensation de déjà vue si l’on se remémore Abyss qui traite d’un sujet similaire avec plus d’émotions, d’empathie pour les personnages et de tension pour le spectateur. On sent bien tout au long du film la volonté du réalisateur de semer des indices comme autant de petites pierres sensées nous guider vers le dénouement final. Le prénom de la fille de Louise, Hannah, qui se lit dans les deux sens, l’écriture des extraterrestres en formes de cercles, tout concourt à nous orienter vers cette notion au début diffuse de boucle temporelle, d’inéluctabilité des évènements à venir. Et c’est alors que petit à petit les pièces du puzzle se mettent en place. 
Il suffit d’une dizaine de minutes au réalisateur pour faire basculer son film vers une autre dimension. On passe de l’infiniment grand (l’espace, la Terre) à l’intime (la famille) avec une émotion décuplée. En posant à Louise, et par ricochet au spectateur que nous sommes, une question d’une infinie douleur, et en proposant deux points de vues différents en guise de réponse (celui de Louise et celui de Ian), Denis Villeneuve touche une fois de plus au sublime. D’une soit disant fresque science fictionnel somme toute assez balisée, il passe en quelques minutes à un condensé d’émotions qui clôt le film sur une note d’une intensité dramatique rarement égalée. 
Premier contact nous ramène à l’essentiel, l’amour filial et le sens d’une vie, aussi courte soit elle. Une fois encore, chapeau bas monsieur Villeneuve.

dimanche 11 décembre 2016

Vaiana, la légende du bout du monde

Alors que les studios Disney reculent chaque jour davantage les limites en termes d’animations qui se veulent, à juste titre, toujours plus belles et impressionnantes, ils ne sont pas à l’abri d’une panne d’inspiration concernant les thèmes et le traitement de leurs histoires qui ont parfois du mal à se renouveler. Vaiana en est le plus récent exemple et pas le moins décevant.
Reprenant à son compte la culture et les légendes des peuples d’Océanie, les spectaculaires paysages de ces îles paradisiaques, ce nouveau film d’animation met en scène une jeune fille intrépide et rebelle, fille d’un chef et qui n’aura de cesse de s’élever contre les traditions ancestrales de son peuple pour sauver son île et se trouver elle-même. Il flotte comme une impression de déjà vu ? Rien de plus normal car Vaiana reprend des ingrédients mille fois exploités auparavant et, chose plus grave, les scénaristes semblent s’enfermer eux même dans une impasse qu’ils n’ont eu de cesse de construire au cours des vingt dernières années. 
Prenons par exemple, le personnage de l’animal secondaire sensé aider l’héroïne dans sa quête et apporter les ressorts comiques à l’histoire (l’une des marques de fabrique de la firme) se réduit ici à un coq abruti inexpressif dont les running gags n’amusent plus vraiment au bout de la deux ou troisième fois, alors que le cochon au potentiel beaucoup plus intéressant reste à quai. Autre symptôme de ce passage à vide, le second degré et les clins d’œil qui desservent le film plus qu’ils ne le mettent en abîme. Ainsi, le demi -dieu Maui déclare à Vaiana qu’il va la frapper si elle se met à chanter, hors l’un des plus gros handicaps du film reste justement cette surabondance de chansons toutes plus pénibles les unes que les autres. 
On a l’impression que la mécanique tourne à vide et que personne ne tient la barre alors que le film enchaine presque mécaniquement les séquences chantées, émotives, chantées, effrayantes, chantées, comiques, chantées,… C’est d’autant plus dommage que le voyage de Vaiana regorge de moments de bravoure (l’attaque des pirates, les titans, le crabe géant) et que l’héroïne, malgré le poids des stéréotypes, reste attachante. 
Loin des grands classiques du genre, Vaiana se borne à être un spectacle impressionnant mais un peu vain, très éloigné de la Reine des Neiges pour ne citer que la plus récente réussite de Disney qui, malgré l’emballage marketing, se posait comme un conte en tous points dignes du niveau d’excellence du studio.