samedi 28 septembre 2019

Rambo : Last blood

On ne va pas se mentir, l’attente suscitée par ce dernier opus (?) de la saga Rambo était aussi attendue que la déception qu’il suscite. Après le monument d’action barbare et de nihilisme (le péremptoire « Fuck the world ») teinté d’humanisme qu’était John Rambo, véritable résurrection inespérée d’une série sombrant trop souvent dans la caricature, on espérait sans trop y croire que Stallone allait nous réserver un ultime épisode crépusculaire et offrir à son personnage de vétéran une sortie à la hauteur d’Impitoyable de Clint Eastwood ou du Logan de James Mangold. Hélas, le résultat n’est pas au rendez vous, même si le film est loin de la médiocrité dans laquelle on s’apprête à l’enterrer. 
Car malgré ses défauts, ce Last Blood est traversé d’idées géniales. La première est sans nul doute ces tunnels obscurs, véritable métaphore de l’esprit torturé d’un vétéran traumatisé par ses années de guerre et où John Rambo erre comme un ogre de conte de fées, traquant ses ennemis et commettant des actes horribles dans l’obscurité d’un dédale mortel. Ces souterrains mis à nue par une explosion finale alors que l’ancien soldat va peut être enfin connaitre la paix. Hélas, qu’en reste t-il à l’écran sinon une course poursuite torchée en quelques minutes avec des trafiquants anonymes et abrutis, véritable chair à canon pour un prédateur invincible et insaisissable qui exécute ses ennemis à l’arme blanche avec la régularité d’un métronome qui ferait pâlir d’envie Jason Voorhees ? 
 Débutant par un prologue rendu quasiment illisible par un montage cut et des images noyées par la pluie et la pénombre, le film se poursuit sur l’idée, là encore intéressante, d’une famille reconstituée autour de Rambo revenu dans son ranch familial, partagé entre ses traumas et une volonté parfois inquiétante de protéger celle qu’il considère comme sa fille. Là encore, le résultat se résume à une mise en situation pour annoncer le massacre final après une plongée poisseuse dans un Mexique résumé à des proxénètes violents et bas du front. 
Sans aucune concession quant à la violence physique ou psychologique (le calvaire traversé par Gabrielle est réellement traumatisant), Rambo croise le chemin d’une journaliste, Paz Vega, cantonnée à un rôle de pure figuration, et décime un à un tous ceux qui se dressent sur son chemin. Mais alors qu’un John Rambo jouait avec l’idée d’une religion rédemptrice finalement balayée par un nihilisme désespéré, Last Blood se contente d’opposer son personnage à un énième adversaire en effleurant à peine le vide abyssal qui menace à tout moment de l’engloutir. 
Sans être honteux, Last Blood est loin de l’épitaphe que mérite ce personnage iconique et souvent incompris par ceux qui ne voient en lui que l’incarnation d’une imagerie guerrière pro américaine. Ce dernier opus ne va pas arranger les choses.

samedi 14 septembre 2019

Ça chapitre 2

Porté par un script solide de Cary Joji Fukunaga (True Detective forever), une distribution impliquée et une sensibilité proche du Stand By Me de Rob Reiner, le premier chapitre de l’adaptation de l’œuvre de Stephen King s’était révélé être une vraie réussite tant sur le point de la structure narrative que de la trouille suscitée par la confrontation entre Grippe-sous le clown maléfique et les enfants du Club des Ratés. 
Un an après nous retrouvons Gary Dauberman au scénario, lequel a déjà œuvré sur Annabelle et la Dame Blanche. On joue tout de suite dans une autre catégorie. Les enfants sont devenus adultes, le film dure une demi heure de plus (de trop), les effets numériques sont omniprésents et force est de constater que la magie n’opère plus. 
Non pas que Ça chapitre 2 soit un mauvais film, il réserve quelques scènes très réussies (le retour de Beverly dans son ancienne maison), jongle plutôt efficacement entre passé et présent à grands coups de flash back, et conserve cette sauvagerie incroyable lors des attaques du clown, notamment lorsqu’il dévore une gamine sous les gradins d’un stade de base ball. Alors quoi ? 
Le film pêche déjà par sa durée, une bonne demi heure de trop, et par son scénario mécanique qui enchaine la quête des objets du passé par les six membres restant du Club des Ratés. Six scènes mises bout à bout, plutôt efficaces en termes d’ambiance, mais que l’on égrène comme un passage obligé et au final assez ennuyeux. Si la dynamique entre l’entité maléfique et les enfants fonctionnait à plein dans le premier chapitre, il en est tout autrement avec un casting plus ou moins heureux d’interprètes au mieux très investis (le duo Bill Hader – Richie et James Ransone – Eddie), au pire assez anachroniques (Jessica Chastain et James McAvoy en tête d’affiche qui se demandent parfois ce qu’ils font là). 
Introduit par une scène d’agression homophobe étonnante de violence mais sans grand rapport avec la suite, Ca chapitre 2 déroule ensuite son lot de clins d’œil (coucou Stephen King en guest, Freddy Krueger à l’affiche) qui frôlent parfois le repompage (la bave dégoulinant du plafond d’Alien, la tête araignée de The Thing) pour s’acheminer vers un final plombé par un manque flagrant d’inventivité. 
Plutôt que de se lâcher sur la représentation du mal, le réalisateur nous assène un Pennywise doté de pattes tentaculaires, un croisement entre les extra terrestres de Starship Troopers et la figure désormais classique du clown croque mitaine. 
Cette nouvelle adaptation du King restera donc un film en demi teinte porté par un premier chapitre efficace et plombé par une conclusion décevante.