mardi 12 juillet 2011

Hanna

Hanna est un film atypique, croisement improbable entre La mémoire dans la peau et le conte de fées.

Hanna est une jeune fille de 16 ans élevée et entrainée par son père, un ex agent de la CIA recherché par ses anciens employeurs. Telle une princesse régnant sur un monde enchanté, Hanna est une tueuse accomplie autant qu’une enfant innocente ignorant tout du monde moderne. Elle est aussi l’instrument de vengeance de son père, le bras armé d’un plan minutieux muri pendant de longues années.

Le film débute dans la blancheur immaculée d’une forêt enneigée. Dès le début, on est plongé dans un monde à part, un univers féérique où l’on s’attend à voir surgir la reine des Glaces à tout moment. Le seul contact qu’Hanna entretien avec le monde extérieur, ce sont les histoires que lui raconte son père à partir d’une encyclopédie et d’un recueil de contes des frères Grimm. Le décor est planté, le réalisateur place dès le début son film sous le signe des contes de fées sans laisser planer aucun doute.

Hanna est la princesse qui découvre le monde autant que le chevalier qui combat le dragon. La sorcière, ou le dragon, c’est au choix, c’est l’agent Marissa Wiegler interprétée par une Cate Blanchett qui trouve enfin un personnage de méchante à la hauteur de son talent, reléguant aux oubliettes son personnage raté d’Irina Spalko dans Indiana Jones 4. Le chasseur qui protège la princesse n’est autre que son père qui en fait un instrument de mort au service de sa vengeance.

Le film est construit en boucle, les paysages naturels du début laissant place à la fausse cabane enneigée du parc d’attraction, le cerf mourant abattu par Hanna trouvant son parallèle dans le personnage de Marissa Wiegler. Entre les deux, c’est à une course effrénée que nous convie le réalisateur Joe Wright.

Porté par la musique des Chemical Brothers, Hanna emprunte aussi bien au film d’action (les combats à main nus secs et violents), au film d’espionnage (l’intrigue mêlant manipulation génétique et trahison) qu’à la parabole des contes de fées dont les symboles qui parsèment le film éclatent dans la dernière partie. De la maison des frères Grimm à la menaçante Marissa Wiegler surgissant d’une gueule de loup, le réalisateur est limpide quand à son intention de raconter une fable.

Alors oui, certains passages du film sont maladroits, comme cette scène où Hanna s’enfuit de la base souterraine. Le jeu sur son visage démultiplié et la musique qui envahit l’espace nous donne l’impression d’assister à un clip. De plus, on peut être gêné par un certain nombre d’incohérences scénaristiques, quand par exemple dans cette même base Hanna échappe à une garnison entière d’agents armés et entrainés. On peut aussi considérer que dans un conte tout devient possible et qu’il faut voir le film davantage comme une fable que comme une histoire d’espionnage.

Alternant les scènes chocs (le premier meurtre d’Hanna dans la base), poignantes (l’exécution de sa grand-mère), des décors impressionnants (la nature admirablement bien photographié dans la première partie, le parc d’attraction), les personnages originaux (le tueur gay et sa bande de skin heads, Marissa Wiegler), une magnifique distribution avec en tête une Saoirse Ronan plus présente et impressionnante que dans Lovely Bones, Hanna est donc un film original de par son approche, efficace malgré quelques longueurs.

dimanche 3 juillet 2011

Comic Con 2011

Samedi 02 juillet, levé à 5H30, dur pour un week end. Je prends le train Rennes Paris et je retrouve un ami à la gare Montparnasse. Métro ligne 4 jusqu’à Denfert Rochereau puis le RER B jusqu’au Parc des Expositions.

Déjà, dans le train, nous croisons un sosie d’un personnage de One Piece, un samouraï armé d’un katana et un groupe de jeunes filles avec des oreilles de lapin. Pas de doute, nous sommes sur la bonne ligne. Nous décidons de suivre les oreilles de lapin.

Nous voici enfin arrivé au Parc des Expositions. Une bonne heure de queue dans la bonne humeur et nous entrons. C’est la troisième édition du Comic Con et de Japanimation, le salon consacré aux mangas, comics, jeux vidéo, cinéma et séries fantastiques ou de science fiction, bref, tout ce qui constitue cette culture alternative regardée d’un œil méfiant par les gardiens du temple culturel français.


Ce qui nous frappe le plus pour cette première visite, ce ne sont pas tant les maquettes, les démonstrations géantes de jeux vidéo ou les files d’attente devant les stands de dédicaces, mais l’ambiance qui règne dans les Halls 5 et 6 du Parc des Expositions. Tout le monde ou presque est déguisé, les exposants bien sur mais aussi une bonne partie des visiteurs. C’est le règne du Cosplay et le grand jeu consiste à deviner qui nous croisons. A peu prés tous les personnages de Star Wars bien évidemment, mais aussi des représentants des jeux vidéos (Final Fantasy en tête mais aussi Silent Hill, Resident Evil ou Street Fighter), de comics (le Punisher côtoie Rorschach des Watchmen), de mangas (Ranma 1/2), de films cultes (Gosthbusters, Alien, le Seigneur des Anneaux). C’est le seul endroit où l’on peut voir Harry Potter boire un coup avec Jack Sparrow et trouver cela normal.

Tout le monde est là pour partager la, ou plutôt les mêmes passions, des jeux de rôles aux jeux vidéo en passant par la bande dessinée. Alors que la polémique autour des jeux vidéo et des mangas qui pousseraient les jeunes à avoir des comportements violents ou asociaux est on ne peut plus d’actualité, l’atmosphère bon enfant du Comic Con démontre plus que toute théorie fumeuse le contraire. Ici personne n’est jugé et tout le monde se parle. On y croise des Xena vieillissantes ou des Batman gras du bide dont les collants peinent à contenir les kilos en trop. Et alors ? Tout le monde est là pour s’amuser dans le respect de l’autre. Il n’y a pas l’ombre d’une agressivité dans les couloirs pourtant bondés de monde.

Il est intéressant de constater qu’alors que l’on ne peut aller à un concert avec une bouteille d’eau bouchée ou que l’on se fait systématiquement fouiller à l’entrée des stades, il n’y a ici aucune fouille et encore moins de vigiles, ou alors très discrets. Où peut-on imaginer ailleurs qu’ici laisser entrer des personnes armées de katana ou d’épées, certes factices, de deux mètres de haut ? Des militaires armées jusqu’aux dents de fusils d’assaut, factices eux aussi, mais tout de même ? Et bien en ce lieu la magie opère, tout le monde est heureux d’être là, de prendre deux cents photos en une journée ou de se faire photographier toutes les trois minutes mais toujours avec le sourire.

La journée passe vite, trop vite. Nous regagnons le flux des visiteurs jusqu’à la station de RER. Plus le train s’éloigne et moins il y a de super héros ou de personnages de mangas autour de nous. A Montparnasse, je suis tout seul. Enfin façon de parler, disons que j’ai laissé derrière moi tous ces personnages de fiction qui ont pris vie l’espace d’une journée. Jusqu’à l’année prochaine.