dimanche 22 mars 2020

Pénurie de livres ? Amazon, Macron, faux boucs émissaires.

En ces temps de confinement relativement propices à la lecture (car malgré tout la vie continue et entre le télétravail, les enfants et les tâches journalières je m’étonne toujours de voir certains dans le désœuvrement le plus total au point de nous infliger leur journal d’un confiné dont on se passerait volontiers), la peur de manquer de livres rejoint l’angoisse des pâtes et du papier toilette. 
Et si, plutôt que de se ruer sur les commandes en ligne, on en profitait pour écouler cette Pile à Lire longue comme un jour sans livre, ou que l’on en profitait pour relire ces romans que l’on s’est juré de reprendre sans jamais en trouver le temps ? 
Vilipender Amazon dont les ventes explosent (et qui annonce pourtant se recentrer uniquement sur les commandes prioritaires, les livres en feront-ils partie ?) ou le gouvernement pour laisser s’organiser une situation honteuse de concurrence déloyale pour les libraires indépendants est trop facile. 
Pour les achats de livres comme pour le confinement, notre responsabilité prime avant toute chose. Chaque livre commandé en ligne est une pelleté de plus sur la tête de libraires déjà enterrés jusqu’au cou, et dont certains se demandent déjà s’ils pourront se relever après cette crise sans précédent. 
Nous sommes les premiers responsables. 
Responsable de privilégier les achats de proximité plutôt que de faire le jeu des multinationales de la vente en ligne, responsable d’anticiper le plaisir de notre prochaine visite chez notre libraire (encore quelques semaines à tenir) plutôt que de privilégier le tout - tout de suite. 
C’est lourd de conséquence mais diablement stimulant. 

mercredi 11 mars 2020

En avant

Retour vers la magie ! 
Après une série de suites exploitant les franchises à succès de Pixar (Toy Story, Les Indestructibles, Monstres et Compagnie) c’est avec un plaisir non dissimulé que l’on voit le studio revenir vers une création originale. 
Très vite nous sommes en terrain connu avec cette quête initiatique de deux frères elfes pour faire revenir leur défunt père à la vie le temps d’une journée dans un monde où la magie est tombée dans l’oubli au profit de la technologie. Pourtant, une fois encore, tout fonctionne. 
Sur un thème proche de celui exploité par la saga Toy Story (la perte de la magie n’est après tout pas si éloignée de celle de nos rêves d’enfants), En avant nous embarque dans une aventure alternant avec beaucoup de bonheur les moments épiques (la fin d’un vieux van est un modèle de séquence sacrificielle portée par une musique de circonstance), comiques et une émotion à fleur de peau, sans oublier quelques idées surprenantes comme ce père réduit à l’état de jambes que ses fils trainent au bout d’une laisse pendant tout leur périple. 
Peuplé d’un bestiaire fantastique du plus bel effet, des fées Hell’s Angels aux licornes sauvages, En Avant est aussi un beau clin d’œil aux adeptes des jeux de plateau avec une course contre la montre qui emprunte tous les codes des univers inspirés de Donjons et Dragons sans une once de cynisme. 
Si le long métrage fait la part belle aux personnages féminins et aux seconds rôles, véritable force du studio depuis ses débuts, c’est au travers des relations entre les deux frères Ian et Barley que passe une émotion d’autant plus touchante qu’elle n’est jamais imposée. 
Sans atteindre les sommets des Indestructibles ou de Monstres et Compagnie, En Avant est une belle aventure, sincère dans son propos et soignée dans sa conception, une réussite de plus au crédit d’un studio qui prend enfin le risque (mesuré) de sortir de sa zone de confort.