mardi 27 juillet 2010

Toy Story 3

Si John Lesseter cède la place à Lee Unkrich pour la réalisation de ce troisième volet des aventures de Woody et Buzz, bien entendu tourné en 3D, ce dernier est suffisamment entouré pour que le cahier des charges du studio soit pleinement respecté. Et force est de constater qu’une fois encore, Pixar s’impose comme une référence incontournable du film d’animation.
Alliant avec une réussite rare divertissement et réflexion, les équipes qui entourent John Lasseter parviennent à renouveler le défi. Toy Story 3 est une réussite comme l’étaient les deux premiers épisodes.
La trilogie voit les personnages humains évoluer, en particulier le petit garçon Andy devenu ici un jeune homme qui s’apprête à quitter sa maison (et ses jouets) pour l’université. Se croyant délaissés, ses jouets favoris décident alors de rejoindre une crèche avec l’espoir de jouer de nouveau avec des enfants. Ce sera le début d’une série d’aventures rocambolesques avec comme point d’orgue une fantastique séquence d’évasion digne des meilleurs films du genre.
Une fois encore, nous retrouvons avec le même plaisir tous les personnages qui ont fait le succès des premiers épisodes, avec en prime quelques nouveautés dont Barbie et Ken qui ont enfin la place qu’ils méritent.
Après une ouverture trépidante qui nous propulse dans l’imagination d’un enfant, Toy Story 3 alterne les scènes spectaculaires (l’évasion de la crèche, la décharge), les moments franchement comiques (en particulier avec un Ken en fashion victime et un Buzz hispanique du meilleur effet) ou carrément effrayants. Les personnages de Big Baby et du singe surveillant les caméras semblent en effet sortir d’un film d’épouvante.
Mais la grande réussite du studio vient une fois encore du respect avec lequel ils traient leur histoire, leurs personnages et donc le spectateur. Toy Story 3 nous offre une vraie réflexion sur le temps qui passe, les objets chargés de souvenirs et les personnes qu’on laisse derrière soit, la transmission des valeurs au travers de simples jouets.
Le passage en 3D n’était pas obligatoire et ne se justifie que dans la profondeur de champ qu’il donne au film (tout en obscurcissant l’image), comme c’était le cas pour Là haut.
On pardonnera cette facilité au studio d’autant plus facilement qu’ils ont évité le piège des effets tapes à l’œil comme c’est trop fréquemment le cas ces derniers temps.
John Lasseter et ses équipes ont compris depuis longtemps que l’on peut s’amuser intelligemment et que les parents devaient prendre autant de plaisirs que les enfants dans une salle de cinéma pour assurer le succès d’un film. Pari gagné une fois encore.

vendredi 23 juillet 2010

Tamara Drewe

Journaliste people à Londres, Tamara Drewe revient dans son village natal perdu au fin fond de la campagne anglaise avec son nez refait à neuf et son physique qui affole tous les hommes qui la croisent. Et des hommes, il y en a de toutes sortes dans ce village.
Des écrivains en mal d’inspiration retirés dans une pension pour travailler au calme, un romancier a succès dont l’activité principale consiste à tromper sa femme, une rock star échappée d’un concert qui a mal tourné, un enfant du pays beau gosse et paysan à ses heures.
Mais les femmes non plus ne sont pas en reste, et ce sont même elles qui mènent la danse et les hommes par la braguette. Femme trompée, adolescentes en mal de sensations fortes ou bimbo citadine, elles représentent le vrai moteur des évènements qui secouent cette petite communauté le temps de quatre saisons qui chapitrent le film.
Stephen Frears réalise avec Tamara Drewe un film délicieusement incorrect, bercé par une musique qui n’est pas sans rappeler celle de Desperate Housewives. Comédie grinçante et remarquable peinture d’une galerie de personnages hauts en couleurs qui interfèrent les uns avec les autres dans un espace clos (la campagne anglaise), Tamara Drewe renoue avec la grande tradition des meilleures comédies anglaises.
Stephen Frears ne prétend pas réaliser une étude sociologique, il se contente de diriger au mieux des acteurs formidables qui incarnent à merveille ce que la société anglaise peut donner de plus tordu. Le film n’est d’ailleurs pas centré sur la charmante Gemma Aterton dont le personnage agit plutôt comme un catalyseur sur les évènements qui se produisent, parfois malgré elles. Le personnage de la femme trompée interprété par Tamsin Greig est bien plus présent, central dans l’histoire et beaucoup plus maitre de ses actes que ne peut l’être Tamara. Sans parler de Jody et Casey, deux adolescentes tour à tour hystériques, incorrectes, teigneuses, qui représentent l’un des principaux moteurs comiques du film. C’est toute la finesse du réalisateur de laisser à chacun de ses personnages la possibilité d’exister autour de l’héroïne principale.
Stephen Frears illustre le roman graphique Posy Simmonds et il utilise d’ailleurs dans son film des éléments très graphiques pour illustrer certaines situations. Par exemple, lors de la première apparition de Tamara en mini short moulant devant la petite communauté d’écrivains, Roger Allam qui joue le romancier volage Nicholas Hardiment débouche une bouteille de champagne dont le bouchon saute. Il s’en suit un jet qui jaillit de la bouteille au niveau de son entrejambe, l’allusion ne saurait être plus claire sur l’effet que la jeune fille produit chez les hommes.
On pourra toujours reprocher au film un personnage de prince charmant un peu trop beau, une fin un peu convenue. Mais voir un chien de star se faire descendre au fusil à lunette par une vieille dame vindicative ou un personnage antipathique mourir piétiné par un troupeau de vaches sont des plaisirs suffisamment rares pour ne pas bouder notre plaisir.
Ce sont des détails comme cela qui font de Tamara Drewe un vrai plaisir coupable comme seuls les anglais savent le faire.

jeudi 15 juillet 2010

Predators

Un extra terrestre belliqueux prend en chasse une poignée d’hommes et de femmes qu’il massacre, ne laissant qu’un survivant qui arrive à le tuer.
La suite arrive quelques années plus tard, le titre s’enrichit d’un s pour signifier que ce n’est plus une seule mais un groupe de créatures qui affrontent cette fois une équipe de professionnels armés jusqu’aux dents.
Cela vous rappelle quelque chose ? Aliens ?
Oui, mais aussi Predators qui tente de relancer la saga après deux cross over qui s’éloignaient sensiblement des deux premiers épisodes de la série.
Le problème, c’est que quand le scénario d’Aliens est écrit de main de maitre par James Cameron, Walter Hill et David Giler, celui de Predators n’est qu’esquissé par un Robert Rodriguez que l’on a connu moins feignant.
Certes, Nimrod Antal n’est pas James Cameron, mais le réalisateur fait ce qu’il peut avec le matériau qu’il a, réduit ici au strict minimum.
Predators avait tout pour être une série B nerveuse et jouissive. Une histoire intéressante se déroulant sur la planète des chasseurs, une distribution hallucinante, allant de Danny Trejo (merci Robert, entre cousins il faut bien s’aider) à Laurence Fischburne en passant par Walton Goggins échappé de The Shield et Adrien Brody reprenant tant bien que mal le rôle laissé vacant par Arnold Schwarzenegger à la fin du premier opus. Si l’on est sceptique au début, il faut reconnaitre que l’acteur s’en sort plutôt honorablement dans la peau d’un mercenaire individualiste.
Les effets spéciaux sont convaincants et les Predators ont de la gueule, chaque personnage sensé personnifié ce qui se fait de pire en la matière (soldat, membre des escadrons de la mort, yakuza, serial killer, condamné à mort,…) comporte un potentiel suffisamment intéressant pour le combat avec les Predators laisse présager le meilleur.
Hélas, l’histoire déroule les poncifs les plus éculés (le mercenaire qui laisse tomber tout le monde pour sauver sa peau et qui, surprise, revient au dernier moment !), des dialogues frôlant le ridicule (mention spéciale à Topher Grace qui débite les pires banalités sans y croire une seule seconde), des facilités scénaristiques dignes des plus mauvaises sétries Z (Royce, interprété par Adrien Brody, comprend avant tout le monde ce qui va se passer et s’empresse de l’expliquer au groupe, et au spectateur par la même occasion).
Robert Rodriguez traine son histoire depuis quinze ans dans ses cartons, soit dix ans après Aliens et le premier Predator. Il a eut tout le temps de digérer ses influences qui jaillissent partout dans le film.
Les similitudes avec Aliens sont évidentes (un groupe surarmé et entrainé affronte des extra terrestres sur leur propre terrain et se font passer à la moulinette).
Le scénariste producteur n’oublie pas non plus de citer le premier Predator avec la mitraillette au canon rotatif ou le yakuza qui affronte une créature, sabre en main et torse nu (référence au soldat indien du premier épisode).
Mais il a simplement oublié de faire d’un pitch diablement excitant un scénario digne de ce nom. C’est d’autant plus frustrant que le bonhomme est d’ordinaire doué et sincèrement passionné par ce qu’il fait.

dimanche 4 juillet 2010

Dirty Diaries

Le projet initié par Mia Engberg de repenser la pornographie au travers de douze courts métrages réalisés par des femmes était aussi excitant que salutaire. Enfin un regard neuf sur un genre encore aujourd’hui cantonné au marché de la vidéo et à des stéréotypes d’arrière garde.
Malheureusement, Dirty Diaries non seulement ne tient pas ses promesses mais en plus contribue à enfoncer encore un peu plus un genre déjà bien malmené. Bref, tout le contraire du projet d’origine.
Première constatation, la quasi majorité des douze segments qui constituent Dirty Diaries semblent filmés par un épileptique à l’aide d’un téléphone portable (c’est réellement le cas, et c’est justifié, pour Come Together dans lequel des femmes se filment elle-même à l’aide de leur portable en train de se masturber et de jouir) ou au mieux d’un vieux caméscope. L’image est dégueulasse, le cadrage et la mise au point semblent effectués par un enfant de dix ans, ce qui confère à l’ensemble une impression d’amateurisme malvenue pour ce type de sujet.
Un segment montre ainsi en caméra caché une fille se masturbant avec un gode dans un taxi. Soit, et alors ? On n’est pas loin des vidéos amateurs que l’on peut voir sur internet ou en vidéos.
Deuxième problème, et non des moindres, les courts métrages, à quelques exceptions prés, se scindent en deux catégories.
D’un coté les films qui se veulent artistiques, Fruit Cake par exemple qui nous propose une succession de gros plants de fruits, de fleurs et d’anus. C’est conceptuel, surement trop pour le spectateur moyen, c’est surtout illisible, chiant et d’une laideur incroyable.
D’un autre coté, les films pornographiques explicites. Authority nous offre un segment lesbien limite hardcore et carrément fétichiste avec sodomie à l’aide d’une matraque entre autre joyeuseté.
En ce sens, Dirty Diaries résume de façon limpide la vision la plus courante du sexe au cinéma, et dans l’art en général. Soit c’est arty avec gros plans, fondus enchainés, symbolisme à tous les étages pour donner au final un grand n’importe quoi, soit c’est du sexe dur, violent, brassant les thèmes de la soumission, de la femme (ou de l’homme) objet, du plaisir simulé et de la représentation grossière du sexe.
Il semble impossible de montrer le sexe en dehors de ces deux voies. Heureusement, tout n’est pas à jeter dans Dirty Diaries.
Avec Dildoman et Body Contact, les réalisatrices essaient, par le biais du film d’animation et d’une sorte de parodie de l’imagerie que les films pornographique et les sites de rencontres imposent chez les hommes, de renouveler le genre. Ce n’est pas complètement réussi mais les deux courts métrages sont cohérents avec le projet de repenser la pornographie d’un point de vue féminin.
La vraie, et seule réussite de l’ensemble est Skin. Un homme et une femme recouverts d’une sorte de tissu couleur chair se caressent dans une chambre d’hôtel. Peu à peu, ils vont se débarrasser de cette seconde peau qui les empêche de se toucher et de faire l’amour. Skin, de par son symbolisme et sa réalisation soignée constitue un court métrage intelligent par la façon qu’a la réalisatrice de montrer les corps de ses acteurs. C’est frontal, sans fausse pudeur et pourtant leurs étreintes débordent de sensualité.
C’est le seul film de Dirty Diaries qui arrive à aborder l’acte sexuel non pas comme un véhicule à fantasmes ou un alibi pseudo artistique mais comme une source de plaisir, une communion entre deux êtres sans que l’un cherche à dominer ou à blesser l’autre. Enfin débarrassés de cette peau synthétique, ils peuvent s’aimer et profiter pleinement l’un de l’autre. Ce qui n’est malheureusement pas le cas de Dirty Diaries qui lui n’arrive pas à se libérer d’une imagerie datée qui enfonce encore plus la pornographie dans un ghetto dont il n’arrive pas à sortir. Un comble pour un projet qui se voulait révolutionnaire.
Depuis le temps qu’un certain nombre de réalisateurs (Gaspard Noé dernièrement) tournent autour du sujet sans trop oser s’y attaquer, espérons que l’un d’entre eux réalise enfin un film rendant hommage au genre cinématographique le plus décrié, ghettoïsé, et incompris, et pourtant pas le moins intéressant.

Dirty Diaries

Le projet initié par Mia Engberg de repenser la pornographie au travers de douze courts métrages réalisés par des femmes était aussi excitant que salutaire. Enfin un regard neuf sur un genre encore aujourd’hui cantonné au marché de la vidéo et à des stéréotypes d’arrière garde. Malheureusement, Dirty Diaries non seulement ne tient pas ses promesses mais en plus contribue à enfoncer encore un peu plus un genre déjà bien malmené. Bref, tout le contraire du projet d’origine. Première constatation, la quasi majorité des douze segments qui constituent Dirty Diaries semblent filmés par un épileptique à l’aide d’un téléphone portable (c’est réellement le cas, et c’est justifié, pour Come Together dans lequel des femmes se filment elle-même à l’aide de leur portable en train de se masturber et de jouir) ou au mieux d’un vieux caméscope. L’image est dégueulasse, le cadrage et la mise au point semblent effectués par un enfant de dix ans, ce qui confère à l’ensemble une impression d’amateurisme malvenue pour ce type de sujet. Un segment montre ainsi en caméra caché une fille se masturbant avec un gode dans un taxi. Soit, et alors ? On n’est pas loin des vidéos amateurs que l’on peut voir sur internet ou en vidéos. Deuxième problème, et non des moindres, les courts métrages, à quelques exceptions prés, se scindent en deux catégories. D’un coté les films qui se veulent artistiques, Fruit Cake par exemple qui nous propose une succession de gros plants de fruits, de fleurs et d’anus. C’est conceptuel, surement trop pour le spectateur moyen, c’est surtout illisible et d’une laideur incroyable. D’un autre coté, les films pornographiques explicites. Authority nous offre un segment lesbien limite hardcore et carrément fétichiste avec sodomie à l’aide d’une matraque entre autre joyeuseté. En ce sens, Dirty Diaries résume de façon limpide la vision la plus courante du sexe au cinéma, et dans l’art en général. Soit c’est arty avec gros plans, fondus enchainés, symbolisme à tous les étages pour donner au final un grand n’importe quoi, soit c’est du sexe dur, violent, brassant les thèmes de la soumission, de la femme (ou de l’homme) objet, du plaisir simulé et de la représentation grossière du sexe. Il semble impossible de montrer le sexe en dehors de ces deux voies. Heureusement, tout n’est pas à jeter dans Dirty Diaries. Avec Dildoman et Body Contact, les réalisatrices essaient, par le biais du film d’animation et d’une sorte de parodie de l’imagerie que les films pornographique et les sites de rencontres imposent chez les hommes, de renouveler le genre. Ce n’est pas complètement réussi mais les deux courts métrages sont cohérents avec le projet de repenser la pornographie d’un point de vue féminin. La vraie, et seule réussite de l’ensemble est Skin. Un homme et une femme recouverts d’une sorte de tissu couleur chair se caressent dans une chambre d’hôtel. Peu à peu, ils vont se débarrasser de cette seconde peau qui les empêche de se toucher et de faire l’amour. Skin, de par son symbolisme et sa réalisation soignée constitue un court métrage intelligent par la façon qu’a la réalisatrice de montrer les corps de ses acteurs. C’est frontal, sans fausse pudeur et pourtant leurs étreintes débordent de sensualité. C’est le seul film de Dirty Diaries qui arrive à aborder l’acte sexuel non pas comme un véhicule à fantasmes ou un alibi pseudo artistique mais comme une source de plaisir, une communion entre deux êtres sans que l’un cherche à dominer ou à blesser l’autre. Enfin débarrassés de cette peau synthétique, ils peuvent s’aimer et profiter pleinement l’un de l’autre. Ce qui n’est malheureusement pas le cas de Dirty Diaries qui lui n’arrive pas à se libérer d’une imagerie datée qui enfonce encore plus la pornographie dans un ghetto dont il n’arrive pas à sortir. Un comble pour un projet qui se voulait révolutionnaire. Depuis le temps qu’un certain nombre de réalisateurs (Gaspard Noé dernièrement) tournent autour du sujet sans trop oser s’y attaquer, espérons que l’un d’entre eux réalise enfin un film rendant hommage au genre cinématographique le plus décrié, ghettoïsé, et incompris, et pourtant pas le moins intéressant.