lundi 23 mai 2016

X Men : Apocalypse

Autant le dire tout de suite, après les belles réussites que furent First Class et Days of Future Past, X Men : Apocalypse déçoit. Loin de la maitrise scénaristique, du contexte politique et des enjeux dramatiques de ses prédécesseurs, le nouveau film de Bryan Singer fait office de divertissement honnête, de blockbuster solide mais vidé de l’âme qui faisait le charme et l’essence même de la série X Men jusqu’à présent (non, l’épisode de Brett Ratner n’existe pas). 
Affaibli par un méchant au design pour le moins hasardeux que l’on pourrait croire sorti tout droit d’un épisode de X-Or, sans véritables enjeux si ce n’est une énième domination du monde par un super vilain et l’éternelle confrontation entre Magnéto et le professeur Xavier, Apocalypse souffre d’un scénario basique qui ne semble exister que pour aligner un maximum de personnages à l’écran. Si le film reste un spectacle choral solidement réalisé et toujours bien interprété, on pouvait cependant attendre davantage qu’un film de super héros à peine plus profond qu’un Avengers 2. 
Il n’en reste pas moins qu’Apocalypse multiplie les séquences jouissives pour tout fan qui se respecte, du clin d’œil à l’Arme X à un Phénix Noir en devenir, ou encore les apparitions toujours très cool de Vif Argent sur fond de musique pop. Introduisant de nouveaux personnages souvent intéressants dont une Tornade en devenir (d’origine égyptienne ???), une jeune Phénix parfaitement habitée par Sophie Turner qui réussit son passage sur grand écran et une Psylocke très réussie que l’on devrait retrouver sous peu, le film peine néanmoins à les faire exister en dehors de quelques combats vite troussés. 
Mais avant d’intégrer un nouveau méchant d’envergure comme le laisse entendre une scène post générique moins accessible que d’habitude, les studios devront prendre conscience que la poule aux œufs d’or pourrait bien dépérir très rapidement si la qualité n’est pas au rendez-vous comme ce fut le cas jusqu’à présent pour une saga d’une qualité et d’une ambition remarquable (non, l’épisode de Brett Ratner n’existe toujours pas).

lundi 16 mai 2016

Captain America : Civil War

En reprenant l’un des arcs narratifs les plus célèbres de l’écurie Marvel (Civil War), Anthony et Joe Russo réussissent à synthétiser en un seul film Captain America 3, Iron Man 4 et Avengers 3. Car tout le monde ou presque répond présent dans cette nouvelle aventure du groupe de justiciers qui les oppose à l’ennemi le plus redoutable qui soit : eux même. 
L’évacuation des deux personnages les plus puissants en termes de force brute (Thor et Hulk) n’est d’ailleurs pas anecdotique car hormis quelques exceptions (Vision et la Sorcière Rouge), les supers héros qui s’affrontent au nom d’une conception radicalement différente de leur statut ne possèdent pas de pouvoirs démesurés mais font plutôt figure d’hommes ou de femmes « augmentés ». Agents surentrainés (La Veuve Noire, le Soldat de l’Hiver ou Œil de Faucon), suréquipés (Iron Man, le Faucon ou War Machine), la plupart restent humains avec leur fragilité et leurs faiblesses. Et c’est là l’intérêt de ce Civil War que de repositionner les combats à une dimension moins dantesque que dans les deux premiers Avengers, renouant en cela avec le deuxième opus de Captain America qui reste encore aujourd’hui l’un des modèles du genre. 
En effet, ce que les affrontements pourraient perdre en démesure, ils le gagnent en intensité à tel point que l’on a rarement vu des coups portés aussi violents dans un film illustrant l’univers Marvel. Que ce soit dans la première séquence en Afrique ou dans l’affrontement entre les deux groupes de supers héros, qui sont d’ailleurs les deux scènes d’action les plus réussies du film, Captain America et sa bande cognent secs. Le sang coule et, dans le sillage de Batman vs Superman, on évoque les morts provoqués par les affrontements titanesques des deux premiers Avengers. Ce n’est d’ailleurs pas le seul point commun entre les deux films qui traite, à travers l’affrontement de deux super héros ou groupe de supers héros, un positionnement pour le moins différent par rapport à la société qu’ils sont censés protéger. 
Sans être pour le moment aussi définitif que le comic dont il s’inspire, Civil War réussit son pari de prolonger l’univers Marvel par l’introduction plutôt réussi de nouvelles figures (la Panthère Noire) ou de héros issus de films antérieurs (Ant Man et Spiderman). L’homme araignée est d’ailleurs le nouveau personnage le plus réussi du lot, maniant avec bonheur humour et action et repositionnant Peter Parker comme un adolescent qui expérimente ses super pouvoirs avec une joie presque enfantine. 
Moins intéressant que Le soldat de l’Hiver par le traitement de ses personnages mais beaucoup plus réussi qu’Avengers 2, Civil War ouvre la porte à un nouveau cycle qui pourrait se révéler passionnant s’il est traité correctement. Il est d’autant plus dommage, et inquiétant, que les réalisateurs désamorcent toute la tension construite pendant le film avec une dernière scène consensuelle (la lettre de Captain America) qui laisse entrevoir une possible réconciliation alors que l’essence même de Civil War est justement cette cassure irréparable qui changera l’univers Marvel pour toujours.

dimanche 8 mai 2016

Braqueurs

Julien Leclercq ne s’en cache pas, il voue une grande admiration au cinéma de Michael Mann, au point d’avoir acheté pour Braqueurs une partie du bruitage des fusillades de Heat (douilles éjectées, culasses qui claquent, impact des balles, détonations) qui conféraient au film sa tonalité si particulière. Et Braqueurs suit clairement la trace de son auguste modèle. 
Par son ancrage profondément urbain d’abord. Sans égaler l’esthétique du réalisateur américain, Julien Leclercq s’attache à donner à son film un côté profondément réaliste qui passe avant tout par ses personnages et ses scènes d’actions. Braqueurs de banques ou dealers d’héroïnes, les protagonistes qui se croisent et s’affrontent paraissent tous crédibles grâce à une distribution sans strass mais d’autant plus solide menée par un Sami Bouajila aussi sobre que charismatique. Les personnages de Braqueurs sont issus des banlieues, de toutes origines ethniques et des classes sociales les moins favorisées. Blancs, noirs ou rebeus, le réalisateur parvient à caractériser chaque rôle en quelques plans et à faire exister ses nombreux protagonistes tout au long de l’histoire. Les scènes de fusillades qui servent à faire avancer l’histoire, ce qui n’est pas toujours le cas dans le genre codifié du thriller, sont parfaitement maitrisées et crédibles, filmées au plus près de l’action avec un constant souci d’immersion de la part du réalisateur. 
Si Braqueurs se montre redevable à l’univers de Michael Mann, c’est aussi à travers le personnage de Yanis interprété par Sami Bouajila. Un grand frère protecteur, un fils répudié et un homme solitaire, constamment sur le fil du rasoir. Un chef de bande qui parle peu et qui ne vibre plus que par les braquages qu’il planifie des semaines à l’avance. Un personnage que l’on pourrait retrouver dans Heat et qui a plus d’un point commun avec Neil McCauley joué par Robert De Niro. 
Concis, sec et nerveux, Braqueurs nous embarque dès les premières minutes au sein de cette communauté hors la loi qui vit en marge de la société, des hommes aux motivations aussi multiples que leurs personnalités et leurs vécus. Loin des clichés habituels, Julien Leclercq invoque la banlieue parisienne et prolétaire plutôt que les boites de nuit luxueuses comme décor de son intrigue. Quand les braqueurs fêtent leur prise de butin, c’est dans un restaurant asiatique et quasiment en famille, pas dans une boite avec des rails de coke. Lorsque le réalisateur filme une scène de sexe, il évite les bimbos siliconées et les putes de luxe pour laisser place à un ouvrier et une serveuse qui font l’amour comme on s’accrocherait à une bouée de sauvetage, et cela n’en est que plus beau. 
Loin d’être une pâle copie de ses grands frères américains, Braqueurs prouve une fois de plus l’excellent santé du polar français, et on ne peut que s’en féliciter.