En reprenant l’un des arcs narratifs les plus célèbres de l’écurie Marvel (Civil War), Anthony et Joe Russo réussissent à synthétiser en un seul film Captain America 3, Iron Man 4 et Avengers 3. Car tout le monde ou presque répond présent dans cette nouvelle aventure du groupe de justiciers qui les oppose à l’ennemi le plus redoutable qui soit : eux même.
L’évacuation des deux personnages les plus puissants en termes de force brute (Thor et Hulk) n’est d’ailleurs pas anecdotique car hormis quelques exceptions (Vision et la Sorcière Rouge), les supers héros qui s’affrontent au nom d’une conception radicalement différente de leur statut ne possèdent pas de pouvoirs démesurés mais font plutôt figure d’hommes ou de femmes « augmentés ». Agents surentrainés (La Veuve Noire, le Soldat de l’Hiver ou Œil de Faucon), suréquipés (Iron Man, le Faucon ou War Machine), la plupart restent humains avec leur fragilité et leurs faiblesses. Et c’est là l’intérêt de ce Civil War que de repositionner les combats à une dimension moins dantesque que dans les deux premiers Avengers, renouant en cela avec le deuxième opus de Captain America qui reste encore aujourd’hui l’un des modèles du genre.
En effet, ce que les affrontements pourraient perdre en démesure, ils le gagnent en intensité à tel point que l’on a rarement vu des coups portés aussi violents dans un film illustrant l’univers Marvel. Que ce soit dans la première séquence en Afrique ou dans l’affrontement entre les deux groupes de supers héros, qui sont d’ailleurs les deux scènes d’action les plus réussies du film, Captain America et sa bande cognent secs. Le sang coule et, dans le sillage de Batman vs Superman, on évoque les morts provoqués par les affrontements titanesques des deux premiers Avengers. Ce n’est d’ailleurs pas le seul point commun entre les deux films qui traite, à travers l’affrontement de deux super héros ou groupe de supers héros, un positionnement pour le moins différent par rapport à la société qu’ils sont censés protéger.
Sans être pour le moment aussi définitif que le comic dont il s’inspire, Civil War réussit son pari de prolonger l’univers Marvel par l’introduction plutôt réussi de nouvelles figures (la Panthère Noire) ou de héros issus de films antérieurs (Ant Man et Spiderman). L’homme araignée est d’ailleurs le nouveau personnage le plus réussi du lot, maniant avec bonheur humour et action et repositionnant Peter Parker comme un adolescent qui expérimente ses super pouvoirs avec une joie presque enfantine.
Moins intéressant que Le soldat de l’Hiver par le traitement de ses personnages mais beaucoup plus réussi qu’Avengers 2, Civil War ouvre la porte à un nouveau cycle qui pourrait se révéler passionnant s’il est traité correctement. Il est d’autant plus dommage, et inquiétant, que les réalisateurs désamorcent toute la tension construite pendant le film avec une dernière scène consensuelle (la lettre de Captain America) qui laisse entrevoir une possible réconciliation alors que l’essence même de Civil War est justement cette cassure irréparable qui changera l’univers Marvel pour toujours.
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