Les deux anarchistes du cinéma français Gustave Kervern et Benoit Delépine invitent dans leur nouveau film les deux acteurs les plus déjantés du paysage cinématographique hexagonal, Benoit Poelvoorde et Albert Dupontel. Le résultat aurait dû être explosif, hélas il nous laisse un peu sur notre faim. Non pas que Le Grand soir soit un mauvais film, loin de là, mais il pâtit évidemment de la comparaison avec leur précédent long métrage. Or, Le Grand soir n’a ni l’esprit frondeur, ni la poésie et encore moins la puissance de Mammuth qui reste une perle rare dans la production actuelle. C’est d’ailleurs un comble qu’un film mettant en scène des punks se révèle au final beaucoup moins subversif que Mammuth dont la charge social était pour le coup moins voyante mais d’une toute autre force. Comme à leur habitude, les deux réalisateurs filment un voyage initiatique ponctué de rencontres invraisemblables. Ce qui donne lieu à des scènes magiques, hélas trop peu nombreuses. Comme cette apparition de Depardieu en diseur de bonne aventure, le suicide d’un inconnu ou encore le moment où Not prend le micro pour faire son annonce dans la grande surface.
A coté de cela, il y a des erreurs de casting qui plombent le film alors que la construction filmique des réalisateurs tient justement sur ces personnages secondaires. Brigitte Fontaine fait du Brigitte Fontaine, ce qui est vite restrictif, quand aux trop rares Yolande Moreau ou Miss Ming, elles sont cantonnées à des figurations éclair.
C’est dommage, la rencontre de ces deux grands acteurs pouvait faire des étincelles, mais il ne suffit pas de mettre en scène des punks ou un concert des Wampas pour le devenir. L’esprit punk ne se décrète pas, il surgit où on l’attend le moins. Head On de Fatih Akin ou encore une fois Mammuth sont de vrais films punks, Le Grand soir ne l’est pas.
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