Triple 9, c’est avant tout une distribution de malade. Entre autres gueules on y croise Chiwetel Ejiofor déjà remarqué dans 12 Years a Slave, Aaron Paul, Norman Reedus, un Woody Harrelson de plus en plus barré, Kate Winslet dans le rôle improbable d’une chef de clan mafieuse israélo russe, Gal « fucking Wonder Woman » Gadot et Casey Affleck, petit frère de Ben « fucking Batman » Affleck.
Le danger avec un film choral est que chacun joue sa partition dans son coin sans se soucier de la cohérence du film. Il n’en est rien dans ce thriller nerveux et poisseux à souhait qui alterne avec bonheur d’incroyables scènes d’action (mention spéciale à la première séquence de braquage du film) et des face à face réjouissants.
Refusant d’emblée la carte du thriller social, John Hillcoat opte pour une approche résolument décomplexée, invoquant tour à tour la mafia russe, les gangs latino-américains, les flics ripoux et/ou drogués, les travestis et les prostitués pour nous proposer un spectacle sans temps mort. Visiblement plus intéressé par la face obscure de ses personnages, le réalisateur nous plonge dans une galerie de protagonistes plus dérangés les uns que les autres. Policiers corrompus, anciens militaires et malfrats se croisent et s’entre tuent dans un ballet anarchique au sein duquel tente de surnager un excellent Casey Affleck, seule caution morale dans un univers pourri jusqu’à l’os.
Assez confus lors des premières minutes à cause de la multitude des rôles, le film se structure rapidement, le réalisateur prenant soin de caractériser chaque personnage, frôlant parfois la caricature (la figure d’Irina Vlaslov interprétée par Kate Winslet aurait facilement pu déraper dans le ridicule) sans jamais desservir son film.
Sans révolutionner le genre, Triple 9 se révèle comme un excellent thriller porté par des acteurs parfaitement calibrés pour interpréter des personnages noirs comme on les aime.
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