Les petites histoires qui font la Grande.
Alors que les troupes américaines évacuent l’Afghanistan en 2021, les Talibans
envahissent Kaboul et sèment la terreur parmi les habitants. Dans ce chaos ambiant,
l’ambassade de France demeure l’un des derniers refuges pour des Afghans
menacés de mort. Face à cet afflux de réfugiés, le commandant Mohamed Bida va
devoir composer avec sa hiérarchie et son propre sens de l’honneur.
Pour
adapter ce fait réel, lui-même retranscrit par le principal intéressé dans ses
mémoires, le réalisateur Martin Bourboulon ne cherche pas à concurrencer les
films d’actions américains sur leur propre terrain de jeu (La chute du Faucon Noir
pour n’en citer qu’un) mais joue bien au contraire la carte de la sobriété.
Pas
d’iconisation héroïque ni de fétichisme militaire mais une course contre la
montre filmée au plus près de ses personnages, militaires, journalistes,
réfugiés ou activistes plongés dans une réalité qui les dépasse. Et c’est bien au
travers cette galerie de portraits parfois à peine esquissés mais toujours
justes (l’américaine Nicole Gee est particulièrement touchante) que né l’émotion.
Film humaniste dans le sens où les décisions des personnages sont dictées par les
valeurs humaines plutôt que par le respect des ordres ou l’intérêt personnel,
13 jours 13 nuits n’en oublie pas pour autant une tension permanente culminant
lors des scènes de déplacement (l’exfiltration du commandant Afghan ou l’évacuation
des réfugiés et du personnel de l’ambassade) où l’exiguïté des véhicules
renforce le sentiment d’urgence et de danger permanant.
Si l’on peut
questionner la vision patriotique de cet épisode Afghan du point de vue français
et l’écriture un peu trop caricaturale de certains personnages (Eva incarnée
par Lyna Khoudri entre autres), le film de Martin Bourboulon porté par un Roschdy
Zem impérial n’en demeure pas moins une franche réussite entre film de guerre
et hommage au courage d’hommes et de femmes qui font passer leurs exigences
morales avant toute chose.