samedi 1 février 2025

babygirl

La scène d’ouverture de Babygirl donne le ton du film. Un couple fait l’amour, la femme feint un orgasme rapidement expédié pour mieux s’isoler devant un porno et se masturber toute seule. 
Car derrière la carrière de Romy, femme puissante et intelligente arrivée à la tête d’une entreprise de robotique new-yorkaise à force de courage et d’abnégation, se cache une vie trop rangée entre un mari metteur en scène débordé et deux enfants engoncés dans leurs archétypes de fille modèle et de fille hors norme. Le parfait modèle familial américain qui ne demande qu’à exploser sous le poids des conventions. 
L’irruption d’un stagiaire entreprenant va obliger Romy à prendre conscience de cette mascarade tout en réveillant en elle des désirs qu’elle pensait oubliés à jamais. 
Et c’est bien de désirs féminins dont il est question ici, désirs le plus souvent ignorés ou inassouvis, relégués au second plan d’une vie où les conventions prennent le pas sur une sexualité que l’on rêverait plus libre. Alors que la vie de Romy n’est que luxe et volupté, la séquence où tout bascule avec Samuel se déroule dans une chambre d’hôtel miteuse, projection inconsciente de ses désirs jugés trop déviants pour être exposés au grand jour. 
Loin de tomber dans les méandres d’un énième thriller sulfureux avec manipulation et chantage à la clef, la réalisatrice Halina Reijn filme au contraire ses personnages avec une bienveillance d’abord suspect, on se demande à quel moment Samuel ou Romy vont dévoiler leur véritable personnalité et précipiter le drame, avant de comprendre que rien de tel se va se passer. Babygirl est d’abord et avant tout le portrait d’une femme qui a trop longtemps ignoré ses pulsions et qui, arrivée au sommet du pouvoir, assume enfin sa propre sexualité. 
Si le film aurait gagné en audace, la mise en danger de Nicole Kidman reste tout de même très relative et moins spectaculaire que la mise en abime de Demi Moore dans The substance, sans compter que les scènes de sexe demeurent assez soft pour un film qui entend prendre le sujet du désir féminin à bras le corps, Babygirl n’en reste pas moins un essai courageux et trop rare sur un thème encore largement sous-exploité.

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