Si tu plonges longtemps ton regard
dans l'abîme, l'abîme te regarde aussi. C’est que qui arrive à Paul Chartier, jeune
gendarme idéaliste confronté au milieu des années quatre-vingt-dix à la
disparition de deux jeunes filles en Belgique. Ce n’est que le début d’une
longue série et d’une spirale obsessionnelle où il entrainera à son corps
défendant sa famille, ses amis et perdra sa propre identité.
Librement inspiré
par l’affaire Dutroux qui traumatisa la société belge en 1996, Fabrice Du Welz délaisse son formalisme habituel pour
coller durant plus de deux heures trente à ce gendarme sous pression interprété
par Anthony Bajon dont le physique presque enfantin contraste singulièrement
avec la noirceur qui l’habite.
Aussi à l’aise dans ses pas de côté, comment ne
pas penser au Voyage au bout de l’enfer de Michael Cimino durant la scène du
mariage, qu’en plein cœur de l’enquête pour laquelle il suit les traces du
David Fincher de Zodiac, le réalisateur belge oscille entre cinéma de genre et
catharsis pour illustrer le dysfonctionnement de la justice belge, les erreurs de
jugement dues à la rivalité larvée entre la gendarmerie belge, la police
judiciaire et la police communale et la manière de se confronter au mal dans
tout ce qu’il a de plus commun et d’abject.
Passionnant dans sa reconstitution
presque documentaire des faits, parfaitement maitrisé en termes de mise en
scène, Le dossier Maldoror aurait gagné à explorer plus en profondeur la piste
du réseau pédophile aux ramifications insoupçonnées sur laquelle le film s’arrête
de façon trop abrupte.
Regarder le mal en face sans tomber dans la surenchère
et le voyeurisme et embarquer le spectateur pendant deux heures trente cinq
sans une once d’ennui, pari gagné pour Fabrice Du Welz qui ajoute une pièce
maitresse à une filmographie déjà bien fournie.
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