samedi 25 janvier 2025

Le dossier Maldoror

Si tu plonges longtemps ton regard dans l'abîme, l'abîme te regarde aussi. C’est que qui arrive à Paul Chartier, jeune gendarme idéaliste confronté au milieu des années quatre-vingt-dix à la disparition de deux jeunes filles en Belgique. Ce n’est que le début d’une longue série et d’une spirale obsessionnelle où il entrainera à son corps défendant sa famille, ses amis et perdra sa propre identité. 
Librement inspiré par l’affaire Dutroux qui traumatisa la société belge en 1996, Fabrice Du Welz délaisse son formalisme habituel pour coller durant plus de deux heures trente à ce gendarme sous pression interprété par Anthony Bajon dont le physique presque enfantin contraste singulièrement avec la noirceur qui l’habite. 
Aussi à l’aise dans ses pas de côté, comment ne pas penser au Voyage au bout de l’enfer de Michael Cimino durant la scène du mariage, qu’en plein cœur de l’enquête pour laquelle il suit les traces du David Fincher de Zodiac, le réalisateur belge oscille entre cinéma de genre et catharsis pour illustrer le dysfonctionnement de la justice belge, les erreurs de jugement dues à la rivalité larvée entre la gendarmerie belge, la police judiciaire et la police communale et la manière de se confronter au mal dans tout ce qu’il a de plus commun et d’abject. 
Passionnant dans sa reconstitution presque documentaire des faits, parfaitement maitrisé en termes de mise en scène, Le dossier Maldoror aurait gagné à explorer plus en profondeur la piste du réseau pédophile aux ramifications insoupçonnées sur laquelle le film s’arrête de façon trop abrupte. 
Regarder le mal en face sans tomber dans la surenchère et le voyeurisme et embarquer le spectateur pendant deux heures trente cinq sans une once d’ennui, pari gagné pour Fabrice Du Welz qui ajoute une pièce maitresse à une filmographie déjà bien fournie.

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