samedi 21 juin 2025

28 ans plus tard

En 2003, le réalisateur Danny Boyle, déjà épaulé par Alex Garland au scénario, électrise les morts vivants chers à George A. Romero avec 28 jours plus tard et ses infectés aussi affamés que mortellement rapides. 
Quatre ans plus tard l’espagnol Juan Carlos Fresnadillo livre une suite plus orientée action avec un clin d’œil appuyé au Jour des morts-vivants et ses militaires aussi dangereux que les contaminés qu’ils combattent. 
Il faudra donc attendre plus de vingt ans pour retrouver le duo Boyle - Garland et un monde plus déliquescent que jamais. Car c’est bien dans la veine postapocalyptique que s’inscrit ce 28 ans plus tard, film hybride aux multiples références avec pour toile de fond une fascination évidente pour la mort. 
Si Danny Boyle n’a rien perdu de son sens de la mise en scène et sa direction d’acteurs, c’est bien la patte du scénariste qui s’imprime à chaque plan. De Annihilation à Civil War en passant par Men, Alex Garland passé depuis derrière la caméra n’a eu de cesse d’explorer les multiples faces du deuil et de notre approche de la mort sous toute ses formes. 
[Attention POILER] Alors que Jamie incite (oblige ?) son fils à exécuter des infectés à l’arme blanche pour son rite de passage à l’âge adulte, c’est pourtant le décès de sa mère (et l’inversion des rôles qui le précède quand elle l’appelle papa ou qu’elle lui confie le bébé) qui va véritablement l’obliger à s’émanciper de sa condition d’enfant pour enfin voler de ses propres ailes et partir explorer le monde [fin du SPOILER]
Alternant des scènes de poursuites tendues à l’extrême et des moments de calme tout aussi réussis (la rencontre avec Eric, les échanges entre Jamie et sa mère), le réalisateur parsème son film de touches d’humour particulièrement bien sentis et parvient à un équilibre salutaire entre l’intime et l’horreur. 
Mais si le film parvient à se sortir de situations extrêmes qui pourraient parfois le faire basculer dans le ridicule, c’est avant tout grâce à une distribution d’acteurs tous aussi bons les uns que les autres. On ne s’étonnera plus de la justesse du jeu de Jodie Cormer toujours impeccable, et Alfie Williams dans le rôle du jeune Spike reste une vraie découverte. 
Alors que le film se termine par une scène absolument WTF sortie d’un film de zombie italiens des années soixante-dix et annonçant clairement une suite, 28 ans plus tard réussit sur deux tableaux, celui de prolonger efficacement une saga passionnante entamée vingt ans plus tôt et d’y apporter une vision suffisamment différente pour explorer de nouvelles multiples.

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