samedi 28 septembre 2024

Speak No Evil

Difficile de résister à l’enthousiasme communicatif de Paddy et Ciara Field, surtout lorsque l’on est empêtré dans une relation qui bat de l’aile et que ses préceptes de vie parfois étouffants contrastent violemment avec la liberté de ce couple de Britanniques exubérants. 
C’est la réflexion que partagent Louise et Ben Dalton lorsqu’ils acceptent leur invitation pour un week-end à la campagne qui se révèlera plus long que prévu. 
Avec ce remake d’un film danois, le réalisateur Britannique James Watkins retrouve toute la hargne et la critique au vitriol d’une certaine frange de notre société déjà prégnante dans son premier long métrage, le très éprouvant et réussi Eden Lake sorti en 2008. 
Si le film démarre doucement pour n’atteindre son apogée horrifique que dans la dernière demi-heure, il instille un malaise palpable par petites touches, porté en grande partie par un James McAvoy encore marqué par son personnage retors et versatile des Split et Glass chez Shyamalan. Mais l’intérêt du film, outre sa tension crescendo et son explosion de violence finale, réside avant tout dans le dynamitage en règle de conventions sociales bourgeoises tenues pour établies (l’éducation positive, le régime végétarien et la protection de la nature) par un couple hédoniste et libertaire dont on se surprend à envier la liberté de ton et l’absence de règles. 
Dérangeant et amoral jusque dans son climax (l’enfance sacrifiée et la transmission de la violence), Speak No Evil nous précipite dans une mêlée sanglante où, au-delà des valeurs de bien et de mal, le vernis social se fissure sous les coups d’une brutalité primale dont personne ne ressortira indemne.

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