Le film de procès est un genre à part
entière qui fait souvent la part belle à des face à face tendus entre partis de
la défense et procureurs, aux retournements de situations et réquisitoires
homériques pour que triomphe la vérité. Daniel Auteuil réalisateur et acteur
principal de ce nouveau thriller judiciaire emprunte une tout autre voie.
Pas
de ténors du barreau, de témoin surprise ou de victimes injustement condamnées,
Le fil explore les arcanes d’un procès malheureusement ordinaire, un féminicide
pour lequel le mari est le principal suspect en confrontant des points de vue
contradictoires jusqu’au verdict et à la révélation finale.
D’un classicisme
assumé, le film de Daniel Auteuil choisit de suivre ce procès à hauteur d’hommes
et de femmes avec un avocat sincère mais sans lustre, Maître Jean Monier, qui n’hésite
pas à s’accommoder des arrangements les plus mesquins pour arriver à ses fins,
et un accusé magnifiquement interprété par Grégory Gadebois dont le physique
massif contraste en permanence avec une fragilité de façade et une sincérité
presque enfantine.
Mené comme une enquête autour d’un meurtre sordide, le Fil
multiplie les témoignages des proches de la victime et de l’accusé et ce
faisant, dévoile peu à peu des pans d’une vie modeste faite de petites
concessions et de heurts, de secrets enfouis et d’une déchéance que l’on
comprend inéluctable.
Glaçant et d’une noirceur peu commune lors de sa
révélation finale, le film interroge la notion de culpabilité, de duperie et l’incroyable
difficulté de juger des affaires criminelles sur la base d’intimes convictions.
Le Fil, c’est tout à la fois ce petit morceau de tissu retrouvé sous l’ongle de
la victime, la corde raide sur laquelle évoluent chaque jour les professionnels
du pouvoir judiciaire et ce lien ténu entre petits bonheurs et drames intimes qui
font une vie.
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