samedi 1 juillet 2023

Farang

La vengeance peut-elle engendrer autre chose qu’une spirale de violence et de mort ? 

Dés sa sortie probatoire de prison, Sam se retrouve rattrapé par son quartier qui lui colle aux semelles comme un chewing-gum en plein cagnard. La France ne lui offrant plus aucune issue, il fuit en Thaïlande pour s’inventer une nouvelle vie. Mais une fois encore son passé resurgit en la personne de Narong, un parrain local aux ramifications tentaculaires. 

Après une courte collaboration avec Gareth Evans sur la série Gangs of London, Xavier Gens a retenu ce qui faisait la force de la nouvelle coqueluche du cinéma d’action : une chorégraphie millimétrée des scènes d’actions, des combats à mains nues, à l’arme blanche ou des fusillades à bout portant brutales et pourtant limpides dans leur déroulé, des décors exigus (un ascenseur pour l’une des séquences les plus spectaculaires du film, un hôtel de passe, un long couloir dans un entrepôt désaffecté) théâtres de confrontations plus gores les unes que les autres. 

Mais si le film monte en puissance jusqu’à un final presque surréaliste de sauvagerie, le réalisateur français n’en oublie pas pour autant d’installer ses personnages et de les faire exister au-delà de leur statu de victimes ou de bourreaux. 

Fort du constat que plus on prend le temps de s’attacher aux protagonistes, meilleur sera l’impact émotionnel de ce qui pourra advenir par la suite, Xavier Gens fait de son personnage principal un homme taiseux perdu dans une société dont les codes et la langue lui échappent, un invisible cumulant plusieurs boulots et acceptant de perdre ses matchs de boxe en échange d’une rallonge, un fantôme à la recherche d’un bonheur hypothétique qui ne cesse de lui échapper et qui semble marqué au fer rouge par un destin funeste. 

Exploitant au maximum son environnement (la prostitution infantile est glaçante et les rues de Bangkok avec ses ladyboys sont criantes de vérité), Xavier Gens réalise un polar implacable qui, s’il n’est pas d’une folle originalité dans son approche du genre, tutoies les meilleurs films d’actions de ces dix dernières années en termes de mise en scène et de chorégraphie martiale.

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