mardi 13 juillet 2021

Benedetta

Le doute et la croyance. 

Croire en Dieu, croire en Benedetta, croire au cinéma de Paul Verhoeven au point de le suivre dans tous ses excès, lorsque le ridicule tutoie le sublime à la manière d’un Dario Argento sur le tournage de Mother of Tears. Croire enfin parce que le cinéaste atteint une forme de sérénité avec la mise en scène de la vie de Benedetta Carlini au XVII ème siècle, dans une Italie ravagée par la superstition et la peste noire. 

Pour la première fois chez Paul Verhoeven le sexe n’est plus considéré comme une arme, un instrument de domination ou de manipulation comme il pouvait l’être dans la Chair et le Sang, Showgirls ou Basic Instinct, mais comme l’expression la plus pure du plaisir féminin, un plaisir qui ne doit sa subversion qu’à l’endroit où il s’exerce, les murs épais et empreint de duperie d’un couvent de Toscane. 

Jamais Benedetta n’apparait plus naturelle que lors des scènes saphiques, dépouillée de ses vêtements sacerdotaux, de sa bigoterie et de sa duplicité. Car tout empreint d’apaisement qu’il puisse être, le nouveau film du cinéaste hollandais n’en demeure pas moins une charge violente contre les institutions catholiques et leurs guerres de pouvoir, l’appât du gain et leur hypocrisie. Le réalisateur tire à boulets rouges sur l’Église mais respecte les croyants comme en témoigne cette fin ouverte et ce refus du jugement sur cette figure trouble qui oscille en permanence entre manipulation et ferveur religieuse sans que l’on ne sache jamais de quel côté la situer. 

Les soins apportés aux décors et à la reconstitution historique n’ont rien à envier à une distribution trois étoiles avec une flopée de seconds rôles (Olivier Rabourdin, Lambert Wilson délectable dans le rôle du Nonce) servis par des dialogues savoureux. En équilibre permanent entre un mauvais goût assumé (les apparitions de Jésus, les saillies d’une Virginie Efira au bord de l’Exorcisme) et une tension palpable (les guerres de pouvoirs au sein du cloitre), Paul Verhoeven dresse un nouveau portrait de femme hors norme qui se bat avec ses propres armes contre une société castratrice. 

Agnès, Nomi Malone et Catherine Tramell s’en frottent déjà les mains.

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