Steven Spielberg, Stanley Kubrick, Ridley Scott, Mel Gibson,… Le film de guerre semble être un passage obligé pour les plus grands cinéastes américains, l’épreuve du feu qui, pour la plupart d’entre eux, enfantera de leurs plus beaux films. Christopher Nolan n’échappe pas à la règle puisqu’il livre avec Dunkerque un film formellement impressionnant, à la fois intime et pourtant universel.
Ce qui frappe le plus dans de la première partie du film est le sentiment total d’immersion qui étreint le spectateur, projeté au milieu de ces soldats perdus, les pieds dans le sable, au-dessus de l’eau ou dans les airs. En cela, les choix esthétiques du réalisateur, pour ne pas parler de parti pris radicaux, semblent aussi osés que terriblement efficaces.
En premier lieu, Christopher Nolan mise avant tout sur la puissance des images, avec un usage presque oublié du grand angle, plutôt que sur ses dialogues étonnamment rares pour un film de cette ampleur. Refusant le parti pris de la violence frontale (je ne me souviens pas d’une seule goutte de sang dans un film qui totalise des milliers de morts), il privilégie au contraire une tension presque permanente en filmant les assauts de l’aviation allemande à chaque sortie des bateaux anglais comme des attaques de prédateurs.
Autre choix de mise en scène, l’anonymat d’un ennemi, pourtant omniprésent, que nous ne verrons jamais clairement pour mieux se concentrer sur les enjeux humains des soldats qu’il met en scène. L’histoire se situe en effet au cœur des trois armes principales de l’armée anglaise, les forces terrestres, aériennes et navales, avec une multitude de personnages et un entrecroisement de destins individuels qui forment la grande Histoire.
Avec un art consommé du découpage et de la caractérisation de ses personnages, le réalisateur réussit le tour de force de ne jamais perdre son public en cours de route et de nous livrer une page d’Histoire méconnue avec son lot de bravoure, de lâcheté et d’absurdités.
Avec Dunkerque, Christopher Nolan écrit une nouvelle page d’un cinéma sensoriel et illustre avec brio ce que le septième art peut nous offrir de mieux en termes d’illustration narrative, aidé en cela par une bande son savamment travaillé et l’impressionnant score de Hans Zimmer.
Dunkerque figure sans conteste, dans un registre radicalement différent d’un point de vue formel mais finalement assez proche dans son propos, comme l’un des plus beaux films de guerre, et des plus beaux films tout court, de ces dernières années aux côtés du Tu ne tueras point de Mel Gibson.
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