Treize ans après le premier volet du Seigneur des Anneaux, Peter Jackson clôt une saga unique en son genre qui a totalement renouvelé les codes de l’imagerie héroïque fantasy au cinéma.
Reprenant le poste de réalisateur sur la trilogie du Hobbit après le désistement de Guillermo del Toro qui se contente d’une accréditation au scénario, il quitte la Terre du Milieu avec une extension de la trilogie originale qui, malgré ses qualités indéniables et de réels moments de bravoure, n’arrivera jamais à se hisser au niveau de celle du Seigneur des Anneaux.
Etirant une histoire plutôt condensée en inventant des personnages (Tauriel, le Nécromancien) ou des situations (l’histoire d’amour entre un nain et une elfe), en réinterprétant à sa façon certains caractères (les nains sont décrits par Tolkien comme un peuple noble alors que le réalisateur les dotent pour la plupart de physiques d’handicapés congénitaux et en fait des personnages souvent burlesques) Peter Jackson prend le parti du film d’aventure grand public au détriment de l’esprit héroïque fantasy qui traversait la première trilogie. Mais paradoxalement, les défauts qui sautaient aux yeux dans les deux premiers épisodes du Hobbit semblent ici atténués au profit d’un spectacle plus en phase avec ce que l’on attendait d’un tel réalisateur.
Évacuons d’emblée la mort de Smaug expédiée trop hâtivement et des erreurs manifestes de montage (les plans furtifs montrant Gandalf prisonnier ou chevauchant vers la montagne intercalés entre deux scènes sans que l‘on sache trop pourquoi), une bataille finale qui se termine sans que l’on sache comment et la présence à peine esquissée des grands aigles. Il reste que si une fois encore ce dernier épisode ne tient guère la comparaison avec le Retour du Roi et son souffle épique, il n’en demeure pas moins un spectacle réjouissant.
Martin Freeman semble enfin trouver la pleine mesure de son personnage et campe un Bilbon convaincant. On retrouve avec un plaisir toujours intact les personnages récurrents de la saga (Saroumane, Gandalf, Legolas,..) et on a enfin l’occasion de voir une armée de nains en action. Les quelques secondes d’apparition de Smaug sont bluffantes et les scènes de batailles rangées ou de guérilla urbaine sont encore une fois parfaitement maitrisées. Le parti pris du traitement des personnages des nains est clairement plus sombre que dans les deux premiers épisodes et l’on ne peut que s’en réjouir.
Peter Jackson boucle sa saga en nous renvoyant vers le début du Seigneur des Anneaux comme un ultime signe de la main. Il n’en reste pas moins que l’on ne peut que rester pensif en s’imaginant la version qu’un Guillermo del Toro en aurait donné.
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