Produit sous l’aile protectrice des frères Almodovar, ce film à sketch venu d’Argentine a le mérite de ne pas s’embarrasser de considérations morales, bien au contraire. C’est d’ailleurs ce qui en fait son moteur autant que son intérêt et peut être sa limite.
Le ton est donné dès le premier segment (Pasternak), une histoire courte en lieu clos qui vaut plus par son écriture que par une réalisation sans grand relief, heureusement sauvée par un dernier plan incroyable qui annonce à lui seul le ton du film. Et ce sera à chaque fois le même schéma qui se reproduira : une accumulation de brimades à priori anodines qui, mises bout à bout vont prendre des proportions cataclysmiques et donner lieu à de véritables déchainements de violence.
Si le sketch Las ratas porté par deux excellentes comédiennes déçoit un peu par sa chute, El mas fuerte explore la sauvagerie tapie en nous, tandis que Bombita adopte un ton résolument anarchique. La proposicion est peut-être le segment le plus ironique et le plus dérangeant, jouant sur le pouvoir de l’argent et l’idée que même une vie peut s’acheter. Le film se conclue avec Hasta que la muerte nos separe et sa cérémonie de mariage qui se termine en bain de sang, avec cependant une chute pas si désespérée que cela qui vient un peu adoucir (tout est relatif…) le ton résolument noir et grinçant du film.
Jouant sur l’attente d’une situation qui ne manquera pas de déraper et dynamitant au passage, au propre comme au figuré, la plupart des institutions qui constitue notre société moderne (la famille, l’administration, le mariage), Les nouveaux sauvages renouent avec la tradition d’un humour noir et corrosif, un humour de sale gosse, libérateur et impertinent.
Le film de Damian Szifron n’a pas pour ambition de révolutionner le genre mais de nous offrir une soupape de sécurité et une vengeance illusoire face aux vexations quotidiennes, peut-être pour éviter de faire exploser nos voisins ?
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