mercredi 10 décembre 2014

La French



Jean Dujardin, Gilles Lellouche. Le juge Michel, Gaëtan Zampa. Deux des acteurs les plus charismatiques du cinéma français actuels incarnent deux figures qui ont défrayé la chronique judiciaire des années soixante-dix en France. La French retrace sur plusieurs années le combat acharné que Pierre Michel, jeune magistrat promu juge du grand banditisme à Marseille mena contre l’une des plus grandes organisations criminelles de notre pays, celle qui a alimenté les Etats Unis en héroïne pendant des années. 
Le parti pris du film, celui de nous immerger dans les années soixante-dix et de faire intervenir des figures publiques (Gaston Deferre entre autres) en dénonçant les implications troubles du pouvoir en place avec les filières mafieuses n’était pas sans risque. Le pari est tenu haut la main tant le film est porté par une distribution impeccable, une reconstitution minutieuse de l’époque et un sens du rythme et de l’action tout à fait correct. 
Si la mise en scène reste classique, la direction d’acteur sert un propos qui se veut autant dénonciateur d’une corruption de très haut niveau qu’un film policier dont le rythme est d’autant plus difficile à maintenir que l’on en connait la fin. S’il est plus courant d’être fasciné par les bandits que par les forces de l’ordre (de Scarface au Parrain en passant par Les Affranchis), Cédric Jimenez réussit à maintenir un équilibre constant entre ses deux personnages centraux. Oscillant comme nombre de ses prédécesseurs entre sympathie et méfiance, Gaëtan Zampa trouve en Pierre Michel un adversaire plus trouble qu’il n’y parait, obsessionnel et colérique, ancien joueur invétéré constamment sur la brèche. C’est du moins le portrait qui nous est fait du juge Michel, une fois de plus parfaitement incarné par un Jean Dujardin totalement investi dans son rôle. 
Touchant dans sa solitude et son obstination, souvent drôle dans les moments les plus graves, il donne à ce personnage hors du commun une dimension qui va au-delà du simple justicier qui nous est trop souvent proposé. Pierre Michel est finalement un homme simple qui va aller au bout de ses convictions, un homme seul qui s’approche trop près du soleil et qui va se brûler les ailes, entrainant dans sa chute celui dont il avait juré la perte. 
La French renoue avec la grande tradition du polar français, ancré dans son époque et porté par des interprètes solides. C’est efficace, instructif et distrayant, que demander de plus ?

Aucun commentaire: