Prenons une louche de Prisoners pour le thème principal, une pincée de Fargo pour l’humour grinçant et des personnages aussi bêtes que dangereux, et un soupçon de Reservoir Dogs pour le huit clos et les scènes de torture. Accommodons le tout à la sauce israélienne et nous obtenons Big Bad Wolves, le film de l’année (dernière) pour Quentin Tarantino.
Si cette caution apporte une publicité bienvenue au film, elle peut vite devenir écrasante, suscitant des espoirs qui, hélas, ne seront pas comblés. Car si Big Bad Wolves est certes une comédie très noire traversée par des scènes frappantes (la lecture des sévices infligées aux gamines est sérieusement gratinée) et des idées ingénieuses (la place de la caméra lors de la découverte du corps de la petite fille par exemple), on peut se demander si le film aurait trouvé les portes d’une distribution nationale sans l’adoubement d’un Tarantino que l’on a connu plus inspiré dans ses choix.
Le scénario, assez malin mais néanmoins prévisible, utilise à répétition le même gimmick (le téléphone qui sonne au milieu d’un scène de tenson), ressasse des clichés un peu usés (la mère juive), et n’ose pas aller au bout d’un discours un tant soit peu politique avec le personnage de l’arabe traversant le film sur son cheval sans bien savoir ce qu’il fait là. Certains ont vus dans le film une critique de la société israélienne et de la paranoïa dans laquelle elle s’enferme un peu plus chaque jour.
(Attention SPOILERS) Si cette société est incarnée par les personnages des tortionnaires, force est de constater que les réalisateurs ne font qu’enfoncer le clou puisque, aussi discutables que puissent être leurs méthodes, on découvre à la fin qu’ils ont raison (Fin du SPOILERS).
Ne cherchons donc pas de message là où il n’y en a pas. Big Bad Wolves se montre suffisamment féroce et ne recule devant aucun excès pour susciter la sympathie. Passons quelques erreurs (le professeur ressort quasiment indemne de son premier passage à tabac pourtant méchant), des lourdeurs répétitives et un scénario tortueux qui ballade le spectateur pour au final l’emmener vers une fin pas aussi surprenante que cela.
N’en déplaise à Quentin Tarantino, Big Bad Wolves n’est pas, et de loin, le film de l’année mais reste néanmoins une comédie d’une noirceur peu commune qui fera surement grincer quelques dents.
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