En 2010, Dragons des studios DreamWorks créait la surprise par le brio de sa réalisation virevoltante, des personnages solidement caractérisés et attachants, ainsi qu’un scénario adulte ne reculant devant aucune concession pour asseoir son propos (voir l’état dans lequel Harold se retrouve à la fin). Le succès aidant, une suite est mise en chantier pour aboutir à ce Dragons 2 quatre ans après. Porté par l’aura du premier opus mais ne bénéficiant plus de l’effet de surprise, le réalisateur Dean DeBlois se retrouve seul, son comparse Chris Sanders ayant quitté le navire. Cette suite tient-elle toute ses promesses ?
Plus que jamais, le parallèle entre les dragons qui vivent désormais en parfaite harmonie avec les vikings, et ces derniers est évidente, peut-être trop. Alors que dans le premier épisode Harold parvenait à apprivoiser un jeune dragon estropié avant de se voir lui-même amputé d’un pied, les analogies entre les humains et les dragons sont ici encore plus frappantes et viennent appuyer des thèmes classiques des films d’animation.
(Attention SPOILERS)
Ainsi, la mort du dragon Alpha ne vient qu’annoncer celle du père d’Harold. De même, Krokmou s’impose comme le nouveau roi des dragons au moment même où Harold accepte enfin son rôle de chef. Le propos, effleuré dans le premier épisode devient ici un peu plus accentué. De même, alors que dans lors de leur première rencontre, Harold et Krokmou vivaient des aventures assez linéaires, on assiste ici à une abondance de péripéties (la mère d’Harold, Drago) et un thème principal qui est le passage d’Harold du monde de l’enfance à l’âge adulte. Pour cela, il doit prendre la place de son père au moment même où sa mère disparue depuis des années ressurgie du passé (le complexe œdipien affleure), et à l’image de Krokmou, affronter de nombreuses épreuves afin d’accéder au statut de chef et surtout de s’accepter en tant que tel.
(Fin des SPOILERS)
La réalisation est toujours aussi fluide, le placement de la caméra et les angles de prises de vue (si l’on peut parler ainsi pour un film d’animation) sont toujours aussi pertinents, particulièrement pendant les scènes de vols qui sont d’une beauté époustouflantes.
S’il ne renie pas ses influences, Dean DeBlois cite ouvertement Avatar quand on découvre l’antre des dragons menés par Valka, et va chercher du côté de chez Guillermo del Toro (d’ailleurs remercié dans le générique de fin) et son Pacific Rim pour l’aspect du Leviathan. On pense aussi aux peintures de Segrelles lors de la première apparition d’Harold casqué et harnaché, comme le Mercenaire du dessinateur espagnol sur son propre dragon.
Techniquement toujours aussi bon, un peu en dessous de son modèle original pour ce qui est du scénario, Dragons 2 reste un film d’animation bien au-dessus de la moyenne qui ouvre la porte sur une inévitable suite.
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