Dans la première partie de Nymphomaniac, Lars von Trier nous prenait par la main pour nous emmener sur les traces de Joe, une jeune fille autoproclamée nymphomane et multipliant les conquêtes pour essayer de combler un vide qui l’aspire inexorablement. Dans ce second volet, le réalisateur nous lâche dans une zone aussi extrême qu’inconfortable. Un endroit où la douleur se mêle au plaisir, où le sexe se mélange aux coups et à la mortification. On se retrouve seul face à des personnages torturés nous renvoyant à nos pires démons.
Cabossée, meurtrie, Joe continue à raconter l’histoire de sa vie à Seligman dont les digressions à première vue hors sujet illustrent les sujets les plus chers au réalisateur. Dans le volume 1, Lars von Trier filmait ses personnages avec empathie, provocant des émotions aussi diverses que puissantes chez le spectateur. Ici, le réalisateur observe ses sujets avec l’œil d’un entomologiste. Le sexe ne procure plus aucun plaisir qu’il faut aller chercher ailleurs. Joe, interprété par Charlotte Gainsbourg dans la deuxième partie de sa vie, s’enfonce de plus en plus profondément dans les affres d’une quête qui ne peut la mener nulle part.
Comme pour les précédents films de Lars von Trier, Nymphomaniac est une véritable catharsis pour son réalisateur. Il va même jusqu’à reproduire presque plan par plan la scène d’Antéchrist où le petit garçon livré à lui-même se dirige vers un danger potentiel pendant que sa mère part en quête de plaisir sexuel. Le sexe, le poids du péché originel porté par les femmes, la religion rédemptrice ou au contraire punitive, l’essentiel de ce qui constitue les obsessions du réalisateur sont là, résumées en une femme qui se livre, non pas physiquement mais en mettant son âme à nue, à un homme qui l’écoute sans la juger.
En clôturant son film fleuve par une dernière scène d’une noirceur absolue qui plonge les personnages et les spectateurs dans les abimes jusqu’ici seulement entre ouverts, Lars von Trier assène son message avec force et obstination. Il n’y a pas d’espoir ni de rédemption possible, ni dans le sexe, ni dans la nature humaine.
Froid et provocateur, Nymphomaniac volume 2 n’est pas un film aimable, l’objectif de Lars von Trier n’est pas de caresser le spectateur dans le sens du poil, loin de là. On en ressort secoué, bousculé, mal à l’aise, ne sachant pas si l’on a aimé ou pas. Ne serait-ce pas l’essence même du cinéma ?
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