Bon, d’accord, cela fait de nombreuses années que Dario Argento n’est plus que l’ombre de lui-même et qu’il frôle le ridicule (nombreux sont ceux qui pensent qu’il a franchi la ligne rouge depuis longtemps) à chaque nouveau film, se caricaturant sans jamais parvenir à renouer avec le génie qui fit de lui l’un des cinéastes les plus intéressants de ces vingt dernières années. Et ce n’est pas cette nouvelle version de Dracula en 3D qui nous fera dire le contraire.
Désespérément long, assez mal interprété (Rutger Hauer fait vraiment le minimum syndicale dans le rôle d’Abraham VanHelsing), écrit avec les pieds, parfois franchement ridicule (cette apparition de Dracula en mante religieuse géante, il fallait oser tout de même), le film apporte encore un peu plus d’eau au moulin des détracteurs de plus en plus nombreux de l’un des maitres du giallo.
Ceci étant dit, comme dans le tant décrié Mother of Tears, tout n’est pas à jeter dans ce Dario Argento’s Dracula qui renferme de petites pépites pour qui prendra la peine d’aller les chercher.
Le film commence sur les chapeaux de roues avec une scène joliment érotique qui nous renvoie directement aux productions fauchées d’un Jean Rollin (on s’attend presque à voir débarquer Brigitte Lahaie dans la grange où s’ébattent les deux amants), voire, et j’assume la comparaison, aux productions Hammer. Nous sommes dans un petit village sur lequel plane une menace pour le moment invisible. Tous les villageois sont terrifiés et se cloitrent dans leur maison. Sauf une jolie jeune fille qui ne trouve rien de mieux que d’aller rejoindre son fiancé qui d’ailleurs la laissera rentrer seule en pleine nuit, avec les conséquences que l’on devine. Le décor est planté, tout cela est délicieusement suranné et en tout cas bien plus appréciable que les relectures épileptiques des grands mythes fantastiques (Van Helsing, I Frankenstein,…).
Si encore une fois l’ensemble manque cruellement de cohérence et d’un minimum de rythme, on n’en appréciera que plus quelques scènes diablement efficaces comme celle où le comte Dracula règle ses comptes avec les villageois en train de comploter contre lui. Ne pouvant comme à son habitude pas s’empêcher de filmer sa fille dans le plus simple appareil, Dario Argento choisit en plus pour le rôle de Mina Harker l’actrice Marta Gastini qui lui ressemble comme deux gouttes d’eau, avec quelques années de moins.
Quelques scènes érotiques, des effets gores en quantité raisonnables, une atmosphère qui nous renvoie aux meilleurs films de studios des années soixante-dix, cela suffit-il pour faire un film honnête ? Surement pas, mais c’est en tout cas suffisant pour ne pas lyncher celui qui nous a tant fait rêver quand il était au sommet de sa gloire.
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