jeudi 8 août 2013

American Nightmare


Le pitch de départ d’American Nightmare est intéressant à plus d’un titre. D’un un futur (très) proche, les Etats Unis connaissent une vague de criminalité sans précédent. Pour endiguer ce flot de violence et le canaliser, le gouvernement instaure la Purge. Pendant une nuit, tous les crimes sont permis et légaux. Les plus riches se calfeutrent dans les demeures hyper sécurisées et assistent aux évènements depuis leurs postes de télévision, ou sortent chasser. Les plus pauvres sont livrés à ce déferlement de violence, victimes ou bourreaux. A partir de là, le film pourrait partir dans plusieurs directions différentes. On imagine sans peine la peur diffuse à l’origine de cette idée, celle qui verrait les laissés pour compte d’une société de plus en plus inégalitaires déferler sur les classes les plus riches, reproduisant l’espace d’une nuit la Grande Révolution dont certains rêvent depuis des années. Le scénario prend un chemin différent en mettent en scène l’élite de la société sous la forme de chasseurs autorisés à concrétiser leurs plus bas instincts (se rapprochant de la thématique d’American Psycho de Bret Easton Ellis), de voisins envieux profitant de la Purge pour régler leurs comptes, ou de petits bourgeois se cloitrant égoïstement dans leur maison en attendant que la tempête passe.
C’est à travers une famille de ce type que nous allons suivre les évènements tragiques de cette longue nuit. Le père a fait fortune dans des systèmes de sécurité, la Purge est pour lui un moyen de se faire de l’argent autant qu’un mal nécessaire pour la stabilité du monde dans lequel il vit. Avec sa femme et ses deux enfants, il entend bien se cloitrer dans sa maison sécurisée et rester aveugle et sourd aux drames qui se déroulent à l’extérieur.
L’allégorie avec les classes favorisées qui vivent de plus en plus recluses dans des quartiers éloignées des citées pauvres, et donc par essence dangereuses, côtoyant sans le voir et encore moins le connaitre un monde parallèle fait de faits divers qu’ils ne voient qu’à travers le prisme des informations télévisées est évident. Le scénario portait en lui les germes d’un film social fort et dérangeant, encore eut il fallu qu’il y ait un John Carpenter derrière la caméra. C’est loin d’être le cas et le résultat s’en ressent douloureusement.
Illustrant de façon assez maladroite le thème du home invasion, American Nightmare accumule les maladresses. Première scorie, les personnages principaux sont mal caractérisés. Entre la mère sensée représenter la caution morale de la famille et dont la réticence devant ce système est à peine ébauchée, le fils geek à moitié autiste et la fille en pleine crise d’adolescence tardive, on a le plus grand mal à s’attacher aux personnages principaux. L’action ensuite est brouillonne, le moindre combat est filmé de façon illisible, la faute à une caméra virevoltante et un éclairage quasi inexistant. L’aspect social se réduit à l’apparition d’un SDF, noir de surcroit, pourchassé par de méchants gosses de riches en mal de sensations fortes. Enfin, les retournements de situations à répétition qui voient les personnages sauvés au dernier moment par l’apparition d’une tierce personne qui exécute l’agresseur d’une balle dans le dos finit par lasser et retire toute crédibilité à un scénario qui se délite au fil de l’histoire.
C’est dommage vu le potentiel de l’intrigue, et on ne peut que rêver de ce qu’aurait donné le film avec un réalisateur digne de ce nom derrière la caméra.

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