Evincé du plateau du Hobbit et délaissé, pour un temps, de son projet d’adaptation des Montains of Madness, le réalisateur se rattrape en mettant encore une fois en scène des monstres tentaculaires qui pourraient tout à fait sortir de l’imagination de H.P. Lovecraft.
Pacific Rim débute par un prologue qui résume en quelques minutes les premières attaques des Kaiju et l’apparition des Jaegers. Guillermo del Toro démontre une fois de plus son extraordinaire capacité à raconter des histoires en condensant de façon crédible ce qui aurait pu être un film à part entière. Et ce n’est que le début.
Pacific Rim enchaine les scènes de bravoure, chaque apparition des titans de chair ou d’acier étant filmée avec un sens aigu de la mise en scène. Il suffit d’un infime détail, un oiseau, un hélicoptère ou un paquebot utilisé comme gourdin, pour rendre compte sans en rajouter de la puissance et de l’immensité des combattants. Que ce soit sur terre, sous la mer ou dans les airs, chaque combat est parfaitement chorégraphié et doté d’un potentiel dramatique qui fait défaut à la plupart des films se situant sur le même créneau (voir à ce sujet la bataille finale de Man of Steel).
Pacific Rim pourrait se limiter à être un spectacle grandiose, mais ce serait mal connaitre le génial mexicain. Fidèle à lui-même, il n’oublie pas que les enjeux sont avant tout humains. Et l’histoire est construite autour d’une multitude de personnages et d’enjeux dramatiques qui font du film une réussite majeure. Alliant la forme au fond, le réalisateur fait encore une fois preuve d’un soin tout particulier apporté aux décors et à l’esthétique de son film. La scène du souvenir de Mako est ainsi traitée comme un conte de fées où la petite fille est poursuivie par un dragon de légende avant qu’un preux chevalier monté, non pas sur son destrier, mais sur son robot, ne vienne la sauver. Et cette petite chaussure rouge qu’elle ne lâche pas, c’est son cœur que son père adoptif lui rendra à la toute fin, lui permettant ainsi de se libérer d’une vengeance qui l’aliène. Le personnage de Mako est associé à une palette de couleurs froides qui reflète son état d’esprit, du moins jusqu’à la dernière scène, alors que Raleigh est environné de couleurs chaudes. Ce sont ces détails que nous percevons sans toujours parvenir à les expliquer qui nous entrainent dans une histoire qui aurait pu se contenter d’enchainer les lieux communs.
Alors certes, il y a bien quelques petits raccourcis (qu’est devenu le Jeager japonais à trosi bras et son équipage après l’attaque ?), Guillermo del Toro concède quelques passages obligés (le sacrifice des soldats, le jeune homme turbulent et effronté qui se rachète au dernier moment, la chute puis la renaissance du héros), mais on lui est reconnaissant de ne pas alourdir son propos plus qu’il ne le faut, par exemple en ne faisant qu’esquisser une histoire d’amour naissante qui aurait pu plomber le film.
Mélant humour, spectacle démesuré et humanité, Guillermo del Toro prouve une fois de plus que l’on peut faire des films à grand spectacle sans prendre les spectateurs pour des demeurés, et s’impose de plus en plus dans le panthéon des plus grands réalisateurs de films fantastiques.
1 commentaire:
Excellent analyse, une fois de plus ! Et un film.... BON SANG !!!! ça fait un bail qu'on a pas vu quelque chose d'aussi grandiose dans ce style je crois !!!!
Une autre incohérence du film
***spoiler***
Comment il fait pour remonter dans la brèche a la fin ? Il n'a pas la signature ADN des Kaiju avec sa capsule de sauvetage ?!?
Enregistrer un commentaire