Ici, les corps explosent sous les déflagrations de charges explosives, la chair se mêle à l’acier sous forme d’exo squelettes (la scène de l’opération est à ce titre représentative de l’ambiance du film, sale et douloureuse), les milices policières robotisées répriment aveuglément toute tentative de rébellion tandis que l’administration est représentée par des robots hermétiques au moindre échange d’opinion (belle métaphore soit dit en passant).
Bref, la Terre décrite dans le film n’est pas un havre de paix, contrairement au monde d’Elysium où tout n’est que calme, luxe et volupté. Jusqu’à ce que les rouages se grippent et que les pauvres fassent irruption chez les riches, apportant avec eux le chaos ou l’espoir, selon le coté où l’on se place. Dans sa seconde partie, Elysium n’est d‘ailleurs pas sans rappeler Demolition Man quand les chasseurs de primes se mettent en tête de prendre le contrôle de la station. Il faut voir avec quelle délectation le réalisateur leur fait balancer des grenades parmi les yuppies effarés devant tant de barbarie, c’est à une véritable catharsis qu’il nous convie, non sans y ajouter un certain humour grinçant.
Tout cela aurait pu donner un film coup de poing, dans la droite ligne de District 9. Mais vu le budget du film, Elysium ne pouvait pas non plus être un film totalement punk. Alors il y a Matt Damon, certainement trop gentil garçon pour la rugosité nécessaire à son rôle, des flash back aux couleurs sépias répétitifs, des passages obligés se voulant émouvants avec des enfants. Sans compter quelques incongruités scénaristiques, dont celle qui voit les mercenaires embarquer l’héroïne et sa fille dans leur vaisseau pour des raisons aussi obscures qu’inexpliquées, comme ce fut le cas avec Loïs Lane dans Man of Steel. Si les séquences de fusillades et de guerre urbaine sont parfaitement maitrisées, on ne peut pas en dire de même des scènes de combat au corps à corps, encore une fois peu lisibles car filmées la plupart du temps caméra à l’épaule.
Elysium n’a donc pas la force de District 9 malgré quelques milliers de dollars en plus. Il n’en demeure pas moins un film maitrisé et intéressant, et une pierre de plus dans la filmographie de Neill Blomkamp qui n’a surement pas fini de nous surprendre.
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