César est à priori un homme gentil, gardien d’immeuble effacé et toujours disponible. Derrière cette apparente normalité se cache en fait un être incapable d’être heureux. Son unique raison de vivre, le carburant qui l’empêche de mettre fin à une vie sans saveur, c’est le malheur des autres.
Alors quand il croise tous les jours le sourire de Clara, la jolie locataire de l’immeuble, il ne vit plus que pour une chose. Effacer ce sourire de ses lèvres et faire de sa vie un enfer. Par petites touches imperceptibles, il va lui pourrir l’existence jusqu’ à commettre l’irréparable.
Jaume Balaguero tient là un scénario passionnant car de part son métier, César possède les clefs de tous les appartements de l’immeuble, ce qui lui confère un pouvoir immense. Celui de s’introduire chez chaque locataire et de disposer à sa guise de leurs intimités. Manipulateur, voyeur et psychopathe, il est en quelque sorte l’incarnation de nos peurs les plus intimes, celui qui peut verser de l’acide dans votre bouteille de lait si l’envie lui en prend. Fort de ce concept, Jaume Balaguero explore l’esprit torturé de César par petites touches et instaure un malaise qui va crescendo.
On était en droit d’attendre du réalisateur de La secte sans nom une plongée plus extrême dans le vice et la terreur qui doit en résulter. Au lieu de cela, pendant tout le film et jusqu’à l’épilogue glaçant de cruauté, le personnage de Clara ne se doutera de rien. Les multiples attaques insidieuses de César ne lui apparaissent tout au plus que comme une succession de désagréments, une avalanche de malchances. Le spectateur qui a toujours une longueur d’avance sur les personnages se place alors davantage du point de vue de César que de ses victimes. Il en résulte un manque d’empathie qui nous empêche de ressentir la peur qui, insidieusement, devrait s’installer chez Clara.
De plus, certaines scènes sensées être tendues comme le jeu de cache cache dans l’appartement de Clara entre un César pris à son propre jeu et le fiancé de celle-ci, penche malheureusement du coté du burlesque involontaire.
Le film aurait gagné à développer davantage certains personnages, comme celui de la mère de César et les relations ambigües qui semblent les lier, et à ne pas s’embarrasser d’autres rôles tels que celui du fiancé de Clara réduit à un faire valoir présent uniquement comme catalyseur des évènements à venir.
Malveillance reste cependant un film intéressant par le sujet qu’il traite et le malaise qu’il installe, particulièrement lors du final d’une incroyable cruauté qui assimile César à ces insectes parasites qui pondent leurs œufs au sein même de leurs victimes, lesquelles ne s’en apercevront qu’au moment de l’éclosion. Dans le rôle de la fille d’à coté toujours souriante, avec ses faux airs de Jennifer Aniston ibérique, la charmante Marta Etura illumine l’écran à chacune de ses apparitions.
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