dimanche 19 juillet 2009

The Reader

Allemagne de l’Ouest, 1958. Michael, un jeune garçon fait la connaissance d’Hanna qui a presque 30 ans de plus de lui. Très vite, ils deviennent amants.
Hanna est une femme secrète, autoritaire. Michael est un adolescent qui découvre avec elle ses premiers plaisirs charnels. Après l’amour, Hanna lui demande de lire des passages d’œuvres littéraires que le jeune homme étudie en classe. Cette liaison prend fin brutalement quand Hanna déménage et disparait. Michael la retrouvera quelques années plus tard et découvrira alors son terrible secret, secret qui va bouleverser sa vie et conditionner l’homme qu’il est en train de devenir.
Au-delà de l’histoire de deux être qui se rencontrent et qui s’aiment le temps d’un été, The Reader est le reflet de toute une génération. Celle de l’Allemagne de l’après guerre, traumatisée par le terrible héritage que la seconde guerre mondiale fait peser sur eux. Porteurs involontaires de la honte qui a résulté des horreurs nazies perpétrées quelques années plus tôt, cette jeunesse se pose des questions quand à l’implication de leurs parents. Connaissaient ils l’existence des camps, se sont ils tus par lâcheté ? Qu’auraient ils fait à leur place ?
Le personnage de Michael, de l’adolescent à l’homme qu’il devient, est une allégorie de cette génération d’après guerre en proie aux doutes. C’est donc une double lecture de l’Histoire que nous propose le film. L’histoire de deux êtres qui n’auraient pas du se rencontrer et qui ont traversé quelques semaines de passion, et l’Histoire de l’Allemagne d’après guerre qui peine à se remettre de l’incroyable traumatisme du nazisme, cette Allemagne qui enfantera du terrorisme d’extrême gauche avec la bade à Baader quelques années après.
Porté par l’interprétation sans faille de Kate Winslet, Ralph Fiennes et David Kross, The Reader est un film aux sujets graves qui arrive à concilier une histoire d’amour bouleversante et une réflexion passionnante sur un sujet qui n’a pas fini de raviver les passions. Les thèmes de la culpabilité, de la responsabilité et de l’héritage sont remarquablement bien abordés, avec une mention spéciale pour le rôle du professeur Rohl interprété par Bruno Ganz qui permet à ses étudiants de se poser les bonnes questions à défaut de trouver les réponses adéquates.
Le film mêle ainsi intelligemment séances intimistes, scènes de tribunal et introspection pour aboutir à un ensemble cohérent et touchant. L’histoire aurait néanmoins grandement gagné en intensité à être raccourcie d’un bon quart d’heure car certaines scènes s’étirent plus qu’il n’en faut et la fin peine à arriver.
Si l’interprétation de Kate Winslet est en tout point remarquable, on ne peut s’empêcher de penser que son rôle a été en tout point pensé pour décrocher l’oscar, chose faite d’ailleurs. Aucun maquillage, des scènes de nue naturelles et sans glamour, un vieillissement dans la seconde partie du film, un personnage tragique, tout semble correspondre au parfait cahier des charges de l’actrice qui « se met en danger » pour décrocher la statuette dorée. On est moins surpris quand on sait que les frères Weinstein sont producteurs exécutifs.
On est donc en droit de considérer que son rôle extraordinaire de composition pour les Noces Rebelles aurait davantage mérité cette récompense, il reste qu’elle est ici une actrice admirable au service d’un film trop long mais intéressant à de multiples égards.

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