samedi 16 novembre 2024

The Substance

Le mythe de Faust patiné d’une touche de Dorian Gray et de Docteur Jekyll and Mister Hyde, brûlot féministe et charge contre le culte de l’image et l’instrumentalisation des corps, clins d’œil appuyés aux maitres de l’horreur transatlantique (Cronenberg, Lynch, Kubrick), body horror inspiré par Brian Yuzna période Society, performance d’actrices et crescendo dans l’horreur jusqu’à la saturation, The Substance est tout cela à la fois et même un peu plus, trop sans aucun doute. 
En étirant sur deux heures vingt le pitch d’un moyen métrage, Coralie Fargeat prenait le risque de la démesure un peu forcée et de la saturation des spectateurs. Son nouveau long métrage n’évite malheureusement pas ces écueils malgré d’évidentes qualités graphiques. 
Servi par une image clinquante comme l’était Revenge sorti quatre ans plus tôt, The Substance souligne grossièrement chaque idée de mise en scène au risque de prendre le spectateur pour un demeuré incapable de saisir le propos de la réalisatrice. Gros plan sur le visage du producteur aux toilettes pour souligner sa vulgarité, gros plan sur sa bouche et ses doigts tâchés de mayonnaise pour imager son avidité, sirènes d’alarme pour annoncer le danger, Coralie Fargeat n’y va pas avec le dos de la cuillère et se complait dans une esthétique clinquante avec le risque de laisser le spectateur à distance. Incapable de freiner la montée en puissance d’un film qui semble lui échapper, elle conclut par une frénésie horrifique interminable qui frôle le ridicule en se réclamant d’un pied de nez libérateur aux conventions hollywoodiennes.
C’est d’autant plus dommage que le film regorge d’idées et que les performances de Demi Moore et Margaret Qualley prisonnières l’une de l’autre à leurs corps défendants sont en tous points de vue exceptionnelles. 
En traversant l’Atlantique, la réalisatrice française bouscule les codes en faisant preuve d’un formalisme brillant mais trop tape à l’œil pour être honnête, à la manière de ces verroteries que l’on admire de loin sans oser y toucher alors qu’il faudrait s’en emparer corps et âme pour en apprécier toute la valeur.

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