Le mythe de Faust patiné d’une touche
de Dorian Gray et de Docteur Jekyll and Mister Hyde, brûlot féministe et charge
contre le culte de l’image et l’instrumentalisation des corps, clins d’œil appuyés
aux maitres de l’horreur transatlantique (Cronenberg, Lynch, Kubrick), body
horror inspiré par Brian Yuzna période Society, performance d’actrices et crescendo
dans l’horreur jusqu’à la saturation, The Substance est tout cela à la fois et
même un peu plus, trop sans aucun doute.
En étirant sur deux heures vingt le
pitch d’un moyen métrage, Coralie Fargeat prenait le risque de la démesure un
peu forcée et de la saturation des spectateurs. Son nouveau long métrage n’évite
malheureusement pas ces écueils malgré d’évidentes qualités graphiques.
Servi
par une image clinquante comme l’était Revenge sorti quatre ans plus tôt, The
Substance souligne grossièrement chaque idée de mise en scène au risque de prendre
le spectateur pour un demeuré incapable de saisir le propos de la réalisatrice.
Gros plan sur le visage du producteur aux toilettes pour souligner sa
vulgarité, gros plan sur sa bouche et ses doigts tâchés de mayonnaise pour
imager son avidité, sirènes d’alarme pour annoncer le danger, Coralie Fargeat n’y
va pas avec le dos de la cuillère et se complait dans une esthétique clinquante
avec le risque de laisser le spectateur à distance. Incapable de freiner la
montée en puissance d’un film qui semble lui échapper, elle conclut par une
frénésie horrifique interminable qui frôle le ridicule en se réclamant d’un
pied de nez libérateur aux conventions hollywoodiennes.
C’est d’autant plus
dommage que le film regorge d’idées et que les performances de Demi Moore et Margaret
Qualley prisonnières l’une de l’autre à leurs corps défendants sont en tous
points de vue exceptionnelles.
En traversant l’Atlantique, la réalisatrice
française bouscule les codes en faisant preuve d’un formalisme brillant mais
trop tape à l’œil pour être honnête, à la manière de ces verroteries que l’on
admire de loin sans oser y toucher alors qu’il faudrait s’en emparer corps et
âme pour en apprécier toute la valeur.
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