Rome lui a tout volé. Ses parents, son
enfance, son peuple adoptif, sa femme qu’il jure de venger avant de traverser à
son tour le fleuve des morts.
Alors quand, au détour d’une conversation avec sa
mère dans une geôle romaine, Lucius s’érige soudainement en défenseur de la
cité contre la tyrannie et la corruption qui la rongent, on est en droit de
trouver le revirement de situation un peu rapide.
Et pour cause, cette suite
inattendue au premier opus de Ridley Scott vingt-quatre ans plus tard ne s’embarrasse
pas de vraisemblance historique ou même scénaristique et s’évertue avant tout à
proposer un spectacle quasiment ininterrompu de combats épiques et de complots
dans une Rome plus décadente que jamais.
Alors que le Gladiator premier du nom
déroulait la destinée d’un homme liée à la Grande Histoire en prenant pour théâtre
les arènes de gladiateur, cette suite tardive emprunte le chemin inverse et
fait la part belle aux combats tous plus jouissifs les uns que les autres (aux
tigres de Russel Crowe succèdent des singes agressifs, un rhinocéros brutal et
même des requins amateur de chair humaine) dans une succession de revirements
de situations dont la seule légitimité semble tenir au souvenir de Marc Aurel mainte
fois cité au cours du film.
Malgré un casting des plus intéressants (Pédro
Pascal en général fatigué et Denzel Washington en intriguant vénéneux), un duo
d’empereurs décadents que n’auraient pas reniés Tinto Brass ou Fédérico Fellini
et une réalisation toujours aussi maitrisée, on appréhendera ce Gladiator 2024
sous l’hospice du péplum généreux et, reconnaissons-le, totalement jouissif
plutôt que de la fresque à la fois intime, historique et politique qui faisait
tout le sel de son prédécesseur.
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