dimanche 19 août 2018

La saga des Coughlin

L’histoire commence en 1917 avec Un pays à l’aube et passe en revue la condition de vie des immigrés en Amérique, l’épidémie de grippe, la guerre, les mouvements anarchistes, le crime organisé et le syndicalisme naissant au sein des forces de police, vus à travers le destin de la famille Coughlin au sein de laquelle le petit Joe n’est qu’une figure secondaire derrière ses frères. Le second tome de la trilogie, Ils vivent la nuit reprend le personnage de Joe et son ascension au sein de la pègre. Ce monde disparu clôt le triptyque en pleine Seconde Guerre Mondiale et balaie ainsi une bonne partie de l’histoire des États Unis de la première moitié du vingtième siècle. 
Avec ces trois romans, Dennis Lehane démontre un fois de plus l’étendue de son talent et cette manière si particulière d’associer des destins personnels avec l’histoire d’un pays en pleine mutation. Fidèle à sa ville de Boston et à son amour des personnages ordinaires aux destins hors normes, le romancier dépeint avec minutie et un sens du détail impressionnant l’ascension d’un truand irlandais au sein de la mafia américaine dominée par les grandes familles italiennes. 
Un pays à l’aube est de loin le roman le plus réussi de la saga des Coughlin. Fresque historique foisonnante et portrait unique d’une famille dysfonctionnelle, le livre nous entraine dans une épopée qui dépasse de loin le seul destin du clan Coughlin. Plus classique mais non moins prenant, Ils vivent la nuit suit la montée en puissance d’un gamin roublard amené à devenir l’une des figures majeures de la pègre américaine. Ce monde disparu enfin s’impose comme un très beau roman crépusculaire sur le destin de ces hommes d’honneur qui sacrifient leur vie sur l’autel de la réussite. Les dernières pages du roman hantent le lecteur longtemps après avoir refermé le livre. 
La saga des Coughlin fait partie de ces rares livres que l’on a hâte de relire un jour pour le simple plaisir de la maitrise de la narration et du souffle épique qui traverse une histoire transcendée par le talent de son narrateur.

Aucun commentaire: