Contrairement à Denis Villeneuve qui prenait le temps d’installer ses personnages et une intrigue centrée autour des cartels dans le premier Sicario, Stefano Sollima est un homme pressé.
Pressé de dérouler une histoire aux multiples rebondissements, pressés d’aborder une multitude de thèmes aussi différents que la menace islamique, le business des passeurs à la frontière américano mexicaine, la politique étrangère agressive des Etats Unis. Et paradoxalement, il n’en traite aucun.
Alors qu’il déroule des scènes d’action parfaitement chorégraphiées et mises en scène et qu’il peint une imagerie guerrière en phase avec le propos de son film, le réalisateur oublie en chemin ce qui est pourtant la colonne vertébrale du précédent opus, le scénario.
Sicario La guerre des cartels ressemble à s’y méprendre à une série que l’on aurait condensée sur deux heures pour en tirer la substantifique moëlle, quitte à s’autoriser quelques raccourcis parfois malheureux. Alors qu’il bénéficie d’une scène d’introduction plutôt réussie plantant un contexte politique beaucoup plus large que le seul territoire des cartels mexicains, le film déroule ensuite une série de rebondissements pour finir par un sprint final et un épilogue qui laisse pas mal de questions en suspens.
Techniquement très réussi et encadré par des interprètes chevronnés, Sicario 2 délaisse le caractère quasi mythologique du premier opus pour un film d’action perfusé aux séries les plus en vogues. Plus violent mais moins sombre que son prédécesseur, le film se veut également plus frontal malgré une vraie ambition formelle.
Les personnages sont au service de l’action, soit l’exact inverse du film de Denis Villeneuve que l’on se prend à rêver aux manettes d’un troisième volet clairement annoncé.
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