Rarement un film aura autant été desservi par la rigueur avec laquelle il traite son sujet.
Billy Moore est un jeune homme mutique et colérique, boxeur amateur et drogué, un personnage qui aurait toute sa place dans la filmographie de Gaspard Noé période Love et Enter the Void, la sexualité en moins.
Arrêté par la police thaïlandaise pour possession d’arme et de stupéfiant, Billy va se retrouver plongé dans le quotidien éprouvant des prisons thaïlandaises. Confronté à la barrière de la langue et à une culture dont les codes lui échappent complètement, Billy se renferme sur lui-même et cherche une échappatoire à ce milieu sans pitié, qu’il trouvera dans la drogue puis la boxe. Et c’est bien là que le film se révèle à la fois parfaitement réussi et difficile à appréhender.
Avec une économie de dialogues et une narration visuelle éprouvante dans la première moitié du film (mouvements rapides de caméra qui passe d’un personnage à l’autre, chaos des match de boxe et des bagarres retranscris par un montage cut souvent peu lisible), Jean-Stéphane Sauvaire retranscrit à merveille la tension permanente et la solitude du personnage, tellement bien que ce mutisme se transmet au spectateur qui pour le coup n’éprouve plus grand-chose pour les personnages présents à l’écran. Billy est seul, nous aussi et nous avons le plus grand mal à nous raccrocher à ce protagoniste dont les accès de violence sont les seules manifestations d’un quelconque sentiment.
La seule étincelle d’humanité vient du personnage de Fame, troublant lady boy dont Billy tombe amoureux, et de ce très beau plan final qui renvoie l’acteur à son personnage par un renversant effet de miroir.
Une prière avant l’aube constitue le témoignage sec et violent d’une descente aux enfers et d’une rédemption dans la douleur avec le parti pris d’une absence d’empathie assumé jusqu’au bout.
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