On ne choisit pas sa famille.
La famille Graham se réunit autour du cercueil de la grand-mère dont l’aura ne cessera jamais de peser sur eux tout au long du film.
Annie sa fille traine un héritage familial propre à conditionner n’importe qui en psychopathe en puissance. Son mari Steve tente tant bien que mal de préserver l’équilibre de la famille tandis que son fils Peter cherche dans la drogue une échappatoire à ce climat délétère. Charlie, la petite dernière affublée d’un visage difforme semble développer un lien particulier avec sa grand-mère décédée et son attitude suffirait à terroriser une armée de psychiatres.
Pour son premier film, Ari Aster frappe fort et juste. Juste parce qu’il arrive à distiller une atmosphère vénéneuse et anxiogène par petites touches sans abuser des effets de jump scares ou des ficelles habituellement utilisées dans ce type de film.
Sorcellerie, maison hantée, folie, on ne sait pas où se situer et c’est là l’une des grandes forces du film, de nous promener en terres inconnues en s’appuyant sur un environnement physique et psychologique éprouvant.
Dès les premières images du film nous éprouvons ce malaise, cette impression d’une catastrophe imminente et inéluctable, sans savoir d’où viendra le danger. Petit à petit, en prenant son temps (le film dure plus de deux heures alors que la majorité des films de terreur tendent à condenser l’action sur une heure trente), le réalisateur instille son venin. Des mouvements de caméra amples, une musique anxiogène et des personnages qui s’enlisent petit à petit suffisent à nous amener progressivement vers un dénouement terrifiant. C’est peut-être dans la toute dernière partie du film où le réalisateur lâche un peu trop la bride à des scènes trop explicites que le film perd de sa puissance narrative, mais qu’importe, Ari Aster réussit à graver dans nos rétines des moments de pure terreur et une réflexion sur le poids de l’hérédité tout à fait captivante.
La violence psychologique se mue en outrages physiques pour mieux incarner cette malédiction (le poids de nos histoires personnelles) que nous trainons tous de générations en générations. Parfois mis en péril par le jeu de plus en plus hystérique d’une Toni Colette constamment sur le fil du rasoir et par une fin trop explicative, Hérédité ne sombre jamais dans le ridicule malgré ses excès.
On aurait aimé, à l’instar de modèles du genre comme Kill List, que la seconde partie du film exacerbe autant nos nerfs et notre intelligence que les cinquante premières minutes, mais il n’en reste pas moins qu’Hérédité se place d’ores et déjà parmi les grands films de frousse, un genre d’autant plus balisé qu’il devient difficile d’en renouveler les codes. Pari réussi haut la main, Hérédité fait partie de ces rares films que l’on rêve de revoir une deuxième fois pour en dénicher tous les indices cachés.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire