Le dernier arbre appartient à cette tradition littéraire typiquement américaine, celle de la domestication d’une nature par essence hostile, des fondations d’un pays alors en plein essor, poussée par un progrès technique encore balbutiant et les appétits de conquêtes d’hommes et de femmes livrés à eux même dans les bayous de Louisiane.
Alors que les échos de la Première Guerre mondiale et son cortège d’atrocités raisonnent encore jusqu’au plus profond des marais, Tim Gautreaux dépeint avec une plume qui n’est pas sans rappeler celle de Donald Ray Pollock une Amérique en devenir, déjà rongée par la fièvre capitaliste, un territoire où la loi du plus fort s’impose par l’argent ou par les armes.
Entre naturalisme et tragédie, l’auteur esquisse le portrait de ces pionniers engoncés dans leurs contradictions et leurs pulsions mortifères, un monde en mutation où surgit des moments de tendresse et d’humanité là où on s’y attend le moins.
Une page se tourne alors que tombe le dernier arbre, les morts retournent au néant et les vivants s’échinent à panser leurs plaies et à vivre malgré tout.
Le dernier arbre est un livre empreint d’odeurs de putréfaction et de fraternité, d’amour, de folie et de haine. Le livre d’une nation en devenir bâtie sur des rêves qui parfois se réalisent.
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