Le film de John Krasinski s’en sort plutôt pas mal au sein de cette nouvelle mode des films conceptuels (Get Out, Don’t breath, The Purge et consort) qui reposent sur une idée étirée sur un voir plusieurs longs métrages.
Dans un monde récemment dévasté par une attaque massive de créatures réagissant au moindre bruit, une famille tente de survivre et de surmonter ses propres traumatismes. Présenté comme cela, Sans un bruit ne suscite pas vraiment un enthousiasme débordant, et pourtant.
Evacuons d’emblée l’idée centrale du film reposant sur la naissance d’un bébé par définition braillard dans un monde où la principale règle de survie est le silence. Ne nous polarisons pas sur l’usage parfois un peu facile de jump scares portés par la musique opportune de Marco Beltrami, ni sur la succession de patchs scénaristiques (le clou, l’inondation de la cave) ou sur la découverte finale et quasi miraculeuse d’une riposte face aux envahisseurs belliqueux. Avec un esprit ouvert et une pré disposition à passer un bon moment, Sans un bruit remplit haut la main son cahier des charges de série B efficace et parfois même audacieuse.
Loin de la hype un peu enflée d’un Get Out ou du recyclage sans âme d’un Don’t breath, le film s’ouvre sur un prologue assez traumatisant et s’offre le luxe de faire disparaitre des personnages importants (il faut dire qu’il n’y en a pas beaucoup à l’écran) pour servir une histoire certes linéaire mais pourvue d’une réflexion intéressante sur la cellule familiale. Le réalisateur n’hésite d’ailleurs pas à citer d’illustres références qui imprègnent des plans entiers du film. Le design insectoïde des créatures renvoie à celles de Starship Troopers tandis que le face à face entre l’une d’elle et Evelyn Abbott n’est pas sans rappeler la confrontation entre Helen Ripley et les Aliens. Difficile enfin de ne pas penser à la saga Resident Evil lorsque cette même Evelyn Abbott campée par une Emily Blunt combative et armée d’un fusil à pompe affronte le monstre dans une cave.
Sans un bruit se termine sur une fin badass à souhait et suffisamment ouverte pour nous faire espérer une suite. Pas sûr que le concept soit déclinable à l’infini mais en l’état le boulot est fait et le film réussit à servir le genre horrifique sans recours à une pseudo caution morale.